20 Nov De quelle Section s’agit-il?
Il pourrait sembler malaisé à première vue de tenter de se faire une idée des différents éléments constituants de la Société anthroposophique, mais la sagesse inhérente à cet ensemble d’éléments se révèle graduellement avec le temps. C’est en effet ce que nous avons vécu au sein du Collégium de l’École de Science de l’esprit en Amérique du Nord. Lors de notre récente réunion, qui s’est tenue au mois d’octobre à Chestnut Ridge, dans l’état de New York, nous avons travaillé ensemble pour évaluer comment l’intégrité interne reliant le mouvement, la Société et l’École peut être renforcée et rendue plus visible.
Durant les mois qui ont suivi l’incendie du Goethéanum, édifice qui avait servi à rendre visible sous une forme artistique le contenu spirituel de l’anthroposophie, Rudolf Steiner a encouragé les différents pays à créer leurs propres Sociétés nationales. Ensuite, à la fin de l’année, il a fondé la Société anthroposophique universelle. Il a placé la Méditation de la Pierre de Fondation dans le cœur des membres et a créé comme noyau ésotérique de la Société une École de Science de l’esprit, à laquelle il a confié la tâche de faire de la recherche spirituelle. La qualité de membre de la Société anthroposophique pouvait être accordée à tous ceux qui ressentaient la valeur de ce qu’avait réalisé la science de l’esprit au Goethéanum et qui voulaient appuyer l’existence de cette activité. Une fois que l’École avait été établie et avait accueilli ses premiers membres, d’autres individus pouvaient demander d’être reçus dans l’École après avoir été membres de la Société depuis deux années et qui, forts de leur étude de l’anthroposophie, étaient prêts à s’engager à être (ou à devenir) des représentants de la cause anthroposophique dans leur vie et dans leur travail dans le monde.
Le noyau du chemin de développement personnel pour les membres de l’École se trouve dans la série des 19 leçons de la Première Classe, un chemin d’apprentissage qu’un membre poursuit sa vie durant. Ce chemin permet au pratiquant de confronter le fait que les facultés du penser, du sentir et du vouloir ont été dénaturées par les forces adverses de notre époque et de découvrir comment arriver à connaître son propre être intime avec l’aide d’entités d’un ordre supérieur. Celui qui devient membre de cette École fait d’office partie de la communauté de recherche qui forme la Section d’anthroposophie générale. Cette recherche implique une participation toujours plus approfondie à la transformation de la conscience et de la culture, dont le but ultime est celui de servir, de répondre aux besoins du monde. Ce travail alterne entre une activité méditative individuelle et le partage du travail sur les Leçons avec d’autres membres de l’École.
L’École comprend également des Sections qui se consacrent au travail dans le monde dans les domaines des arts, de l’agriculture, des sciences et des mathématiques, de la pédagogie, de la vie sociale, de l’art de guérir; elle comprend aussi une section pour la recherche de la spiritualité chez les jeunes. Chacune de ces Sections favorise la recherche dans son propre champ d’activité. Comme exemple, nous pouvons citer la recherche maintenant en cours au sein de la Section pédagogique sur le problème de l’anxiété chez les enfants et les effets de la technologie – et les efforts en vue de découvrir des moyens pour remédier à ces situations problématiques. Il existe aussi de la collaboration entre les Sections, comme par exemple lorsqu’un médecin travaille de concert avec des enseignants et des thérapeutes pour répondre aux besoins d’un enfant particulier.
Au début, les Sections étaient surtout localisées au Goethéanum, mais depuis 1980, elles déploient une activité de plus en plus intense ici sur le continent nord-américain. Et c’est en 1998 que le Collégium de l’École de Science de l’esprit en Amérique du Nord a été inauguré, pour que l’École puisse y vivre comme une entité intégrale et y trouver un centre. Les Sociétés canadienne et américaine y participent par le biais de leurs Secrétaires généraux, et Joan Sleigh a maintenant remplacé Virginia Sease comme représentante du Goethéanum au sein du cercle.
Le Collégium en Amérique du Nord a dû se rendre à l’évidence qu’au cours des années, cette image idéale de l’École de Science de l’esprit a été fragmentée. L’École ne respire plus comme un organisme vivant – circulant alternativement de la périphérie au centre et du centre vers la périphérie. Au contraire, à mesure que les différents organismes qui travaillent dans le monde ont pris de l’expansion, ils se sont éloignés de la source première d’où ils ont tiré leur inspiration. Un genre d’égocentrisme inconscient s’est installé à mesure que chaque domaine de travail tirant son inspiration de l’anthroposophie est devenu un monde fermé sur soi-même. Professeurs, agriculteurs, thérapeutes peuvent parfois perdre de vue le fait que le mouvement anthroposophique devait devenir une impulsion solaire, multiforme, rayonnant ses impulsions dans la société pour contrer l’emprise du matérialisme sur la civilisation. Et, il n’y a qu’une Société anthroposophique vibrante et enthousiaste qui puisse soutenir cet effort. Et, de plus, il n’y a qu’une École de Science de l’esprit engagée et sérieuse qui puisse donner de la vie à cette Société. Le Collégium travaille à éveiller une conscience plus claire de l’École comme un ensemble vivant. Les Sociétés canadienne et américaine ont connu des évolutions différentes, et peuvent de ce fait se complémenter l’une l’autre. Nous cherchons à développer une collaboration plus étroite avec leurs conseils respectifs et avec les lecteurs de Classe, car ces derniers accueillent les nouveaux membres de l’École et ont la responsabilité de tenir les leçons de la Classe dans leurs régions.
Maintenant que le Collégium en Amérique du Nord prépare (pour 2023/2024) la commémoration du centenaire de la fondation de la Société anthroposophique universelle, nous avons identifié deux défis de taille relatifs à l’écart qui sépare les activités anthroposophiques de la Société anthroposophique et de l’École de Science de l’esprit. Bien que nous nous réjouissions devant le fait que la Société en Amérique a surmonté sa crise financière et a pu rétablir un budget équilibré, nous reconnaissons qu’en même temps cette situation a été réalisée en réduisant de façon significative le soutien financier accordé à l’École – soutien qui est, dans l’intention de Rudolf Steiner, une des tâches principales de la Société. Nous avons appris lors de notre dernière réunion que deux Sections n’ont pas pu organiser la rencontre en personne de leurs conseils respectifs faute de subventions pour les frais de déplacement. La Section des arts de la scène est maintenant incapable de mener de l’avant son projet de congrès, qui devait être axé sur l’exploration du rapport changeant de l’humanité par rapport au Temps et les conséquences de ce changement. Si seulement chaque professeur des écoles Waldorf, chaque agriculteur pratiquant la biodynamie, chaque eurythmiste, chaque thérapeute, chaque membre du personnel des institutions travaillant à partir de l’anthroposophie, pouvaient verser une très modeste contribution à la Société anthroposophique, la différence serait énorme!
En général, les gens rencontrent l’impulsion anthroposophique à travers les « mouvements sœurs » plutôt que directement à travers la Société anthroposophique, et il est possible que ces personnes n’entendent jamais parler de l’existence ou de l’importance de la Société anthroposophique. Et pourtant, dans les Statuts, Rudolf Steiner a accueilli la possibilité que des membres qui se regroupent autour d’un intérêt commun puissent demander à être reconnus et accueillis au sein de la Société en tant de groupe d’intérêt. Cette démarche pourrait-elle permettre aux institutions œuvrant à partir de l’anthroposophie de demander à être reconnues comme groupes de la Société, en plus de leurs membres individuels? Et si on créait la possibilité qu’un individu devienne membre de la Société dans l’endroit même où il participe à des études ou au travail inspirés par l’anthroposophie? Ces questions ont surgi suite à une lettre signée par John Bloom, Bert Chase et Arie van Ameringen, et que nous explorons avec nos collègues des conseils des Sociétés canadienne et américaine.
Étant conscients de la nécessité de passer le flambeau, et tout en demeurant conscients des troubles financiers qui ont empêché les conseils de plusieurs Sections à accueillir de nouveaux membres, nous avons encouragé chaque membre du Collégium à inviter un jeune collègue à assister à notre réunion du printemps prochain. Nous espérons ainsi profiter de nouveaux points de vue et agrandir le cercle d’individus qui peuvent saisir combien il est important de soutenir l’ensemble de l’organisme, et non seulement sa propre Section.
À ce propos, nous citons ici ces mots de Rudolf Steiner prononcé le 6 février 1923 et publié dans le volume Éveil au contact du moi d’autrui. (Trad. EAR, pp. 87-88).
« Il s’agit au contraire de prendre tout à fait au sérieux le travail anthroposophique. Tous les courants individuels présents au sein du mouvement anthroposophique doivent œuvrer ensemble pour susciter ce sérieux. Il ne doit pas y avoir de mouvements séparés, un mouvement pour l’école Waldorf, un mouvement pour la vie spirituelle libre, un mouvement de rénovation religieuse. Tout cela ne peut prospérer qu’en se sentant à l’intérieur du mouvement-mère, du mouvement anthroposophique ».
Présenté par Sherry Wildfeuer, du Collégium de l’École de Science de l’esprit en Amérique du Nord
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