23 Oct Entretien avec John Bach – Susan Koppersmith
John Bach, lors du congrès À la rencontre de notre humanité, tenu à Ottawa au mois d’août 2016, vous avez donné une présentation de recherche sur l’apiculture biodynamique. Quelle est votre formation et comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la question des abeilles ?
J’étudie l’anthroposophie depuis 25 ans, je pratique le jardinage biodynamique depuis 15 ans, et je tiens des ruches d’abeilles depuis maintenant 8 ans.
Quels sont les éléments clés que vous avez découverts dans votre recherche sur les abeilles ?
La plupart des lecteurs sont au courant que l’on constate depuis 30 ans une détérioration inquiétante dans l’état de santé des colonies et des ruches. La situation est alarmante. Autant les scientifiques que les apiculteurs eux-mêmes attribuent ce déclin à la maladie, à l’infestation des mites varroa, l’utilisation de nouveaux pesticides sur les cultures agricoles ainsi qu’aux produits chimiques puissants utilisés sur les abeilles elles-mêmes pour enrayer l’infestation de mites et de champignons. On a étudié également l’effet des ondes électromagnétiques qui sont maintenant omniprésentes. Le lecteur peut trouver mon article détaillé décrivant ces dangers : A Biodynamic Understanding of the Decline of the Honeybee based on Indications Given by Rudolf Steiner sur mon site web : bachbiodynamics.com
Même si toutes les causes énumérées ci-dessus sont en effet véritables, nous devons tenir compte d’une autre indication de la plus haute importance donnée par Rudolf Steiner.
Dans un cycle de conférence sur les abeilles donné par Rudolf Steiner en 1923, celui-ci a prédit le déclin des colonies d’abeilles en l’espace d’un siècle si les pratiques ne changeaient pas. Il faisait référence à la pratique (qui ne s’était répandue que depuis une décennie à l’époque de ses conférences) qui consiste à élever des reines artificiellement en greffant des œufs d’abeilles ouvrières.
Vous voulez dire que les apiculteurs ont modifié les choses de manière à faire des reines à partir d’œufs d’abeilles ouvrières ? Pourriez-vous nous l’expliquer en détail ?
Oui, cela est en effet le problème, et les conséquences en ont été désastreuses.
La méthode de la création artificielle de reines a été mise au point au milieu du 19e siècle par Gilbert M. Doolittle et est devenue pratique courante vers le tournant du siècle. Selon cette méthode, des larves vieilles de quatre jours que la reine pond dans les cellules hexagonales horizontales des ouvrières sont transférées (greffés) dans des coupes royales (queen cups) verticales artificielles qui imitent la forme et la taille des cellules royales naturelles. Parfois on place une petite quantité de gelée royale dans la coupe avec la larve. Ces œufs sont alors placés dans une petite colonie d’abeilles dont on a enlevé la reine. Les ouvrières ont vite fait de repérer que la reine n’est pas présente (la reine émet une forte phéromone) et se mettent immédiatement à prendre soin des larves verticales qui ressemblent aux cellules royales.
De cette manière, un apiculteur peut produire des douzaines, voire des centaines de reines en un court laps de temps.
La pratique apporte donc d’énormes avantages aux apiculteurs et est la base sur laquelle toute apiculture moderne est fondée. L’apiculteur n’a plus besoin d’attendre que la colonie produise ses propres reines, ce qui se fait naturellement lorsque la colonie se prépare à se diviser en essaimant ou lorsque la reine est vieille et faible. Les reines greffées artificiellement peuvent être utilisées pour faire beaucoup de nouvelles colonies en plaçant chaque nouvelle reine dans une nouvelle ruche avec deux ou trois livres d’abeilles ouvrières.
Mais, Rudolf Steiner a indiqué d’après ses recherches que lorsqu’une reine pond un œuf en tant que reine, l’œuf est destiné par la nature a devenir une reine.
Il est vrai que les œufs pondus initialement pour donner des abeilles ouvrières donnent des reines lorsqu’on les greffe dans des cellules royales. Pourtant, les forces éthériques de ces reines produites artificiellement s’affaiblissent et cette faiblesse est transmise aux générations futures. Voilà pourquoi les abeilles sont si sensibles aux maladies, aux mites, aux champignons, etc. Les ruches ne sont plus assez robustes pour résister aux pathogènes.
Ma recherche porte donc sur la création de lignées de reines non greffées et aussi sur l’utilisation de ruches plus restreintes pour permettre aux abeilles d’essaimer plus fréquemment.
J’ai actuellement quatre colonies possédant une quatrième génération de reines naturelles non greffées. Deux de ces colonies sont dans de petites ruches (fabriquées en paille ou en osier) et essaiment fréquemment (jusqu’à trois fois par année).
Ces colonies sont fortes et en pleine santé. Je sens que je suis maintenant prêt à élargir ma petite exploitation à Vancouver pour élever des abeilles sur une plus grande échelle. J’ai l’espoir d’avoir une cinquantaine de colonies de lignées non greffée d’ici trois ou cinq ans.
Voici une ruche artisanale qui a essaimé trois fois cette année. Je l’ai fabriquée d’un panier acheté sur Craig’s List.
Est-ce qu’il y a de scientifiques ou des apiculteurs actuels qui sont au courant de ce danger de produire des reines greffées?
Que je sache, il n’y a aucun scientifique o
u d’apiculteur industriel qui connaisse suffisamment les idées de Rudolf Steiner pour les considérer sérieusement. Je pense que le problème actuel que nous constatons prendra une ampleur alarmante au cours de la prochaine décennie.
Voilà pourquoi j’œuvre si intensément à faire de sorte que les abeilles retrouvent la santé. Il est d’une importance capitale que l’on permette aux abeilles de produire leurs propres reines.
Bonne chance, John, et merci de nous avoir accordé de ton temps!
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