La Philosophie de la liberté : Chasse au trésor

La Philosophie de la liberté : Chasse au trésor

Un congrès sur l’expérimentation épistémologique

– Tim Nadelle

Dans la préface de l’édition de 1918 de La Philosophie de la Liberté, Rudolf Steiner écrit:
Deux questions primordiales concernant la vie de l’âme humaine dominent cet ouvrage. La première : Est-il possible de se former de l’entité humaine une conception pouvant servir de support à tout ce que l’expérience ou la science apportent à l’homme? (traduction Éditions Anthroposophiques Romandes)

Steiner aborde ce problème dans le troisième chapitre, qui – par rapport aux réponses qu’on y trouve – sert de germe pour le développement des quatre chapitres suivants. Si nous choisissons d’emprunter le chemin de développement implicite dans « La Philosophie de la liberté », ce germe du troisième chapitre peut se concrétiser sous forme d’un exercice fondamental qui guidera notre cheminement durant ce congrès :

1) Observer un événement dans son environnement immédiat
2) Diriger sa pensée sur l’action même d’observer
3) Observer la pensée que l’on vient de déployer

Le développement de cet exercice qui prend son inspiration dans le troisième chapitre est décrit sur le site web du congrès prévu pour octobre 2015 : www.philosophyfreedom.ca.    (Trouver l’onglet Foundational Exercise et dérouler le menu jusqu’à la rubrique Foundational Exercise – its Derivation.)

Cet exercice paraît à première vue fort simple, mais son importance ne doit pas être sous-estimée. Dans le troisième chapitre, Steiner écrit : « Tout être humain normalement doué peut observer la pensée, s’il y met de la bonne volonté. Cette observation-là est la plus importante qu’il lui soit donné de faire. » (traduction Éditions Anthroposophiques Romandes)

Le passage de la première étape (1) à la deuxième (2) demande un effort de volonté. Nous vivons une multitude d’expériences des plus variées au cours d’une journée, mais combien de fois nous arrêtons-nous durant ce temps pour penser activement à ce que nous percevons ainsi? Et pourtant ces deux premières étapes décrivent le processus naturel par lequel nous pouvons arriver à comprendre notre monde et notre place dans ce monde.

Le passage de la deuxième étape (2) à la troisième (3) demande un effort de volonté encore plus grande. Steiner écrit : « Alors que l’observation des choses et des événements, et le fait d’y penser sont des expériences quotidiennes qui remplissent le courant continu de ma vie, l’observation de la pensée elle-même est une sorte d’état exceptionnel. »

Cet état exceptionnel – que chaque être humain de bonne volonté peut atteindre – présente un domaine extrêmement riche pour le chercheur. Et pourtant, plus nous travaillons avec l’exercice fondamental décrit ci-dessus, plus nous rencontrons des obstacles qui doivent être surmontés si nous voulons avancer sur le chemin. Plusieurs de ces obstacles ainsi que des moyens pour y faire face sont décrits sur le site www.philosophyfreedom.ca sous la rubrique Challenges and Responsive Ruminations, à trouver dans le menu déroulant de l’onglet Foundational Exercise.

Lorsqu’on se met à travailler avec cet exercice fondamental, on peut sentir comment les différentes étapes de cet exercice peuvent entrer dans une sorte de dialogue les unes avec les autres, dialogue qui enrichit les étapes individuelles à chaque niveau de l’exercice. Diriger mon penser sur mon activité d’observation, par exemple, peut soulever un questionnement sur l’observation elle-même et m’inciter à l’examiner de plus près ou à recueillir des observations additionnelles. L’observation de mon penser peut révéler les points faibles où il a perdu de sa mobilité, ou bien me diriger vers une contemplation plus fouillée pour découvrir de nouvelles avenues de pensée qui ne m’étaient pas venues à l’esprit auparavant. De cette manière, je me rends capable de cultiver un penser dans la deuxième étape qui est plus riche, plus vivante – un penser qui offre un terrain plus fertile et que je peux ensuite observer lors de la troisième étape.

Avec le temps, ces dialogues fournissent une confirmation; on voit que l’observation de mon penser rend ce penser lui-même plus souple, plus pénétrant, plus vivant. En effet, observer le penser nous ramène au monde – ou plus spécifiquement à la partie du monde que nous avons observée – munis de nouvelles perspectives dont nous n’aurions jamais fait l’expérience si nous nous étions arrêtés à la deuxième étape. Donc, d’une part, l’observation du penser constitue une activité qui rend le penser vivant et nous ramène au monde.

Et d’autre part, elle constitue aussi une activité qui nous permet de percevoir directement notre penser comme étant une réalité objective et non physique. Pour que ceci se réalise, nous devons alors arrêter le dialogue qu’entretiennent les différentes étapes entre elles, et, en déployant une puissante intensification de l’activité de la volonté, vivre entièrement dans la troisième étape où nous retenons le penser devant nous comme un organisme vivant tout en pouvant l’observer simultanément là où il prend naissance.

Quel est le but que nous visons lorsque nous travaillons avec cet exercice fondamental? Nous aspirons par cette intensification de l’activité de la volonté dans le penser à développer une nouvelle faculté de connaissance – faculté qui nous permettra de donner vie à la liberté intérieure potentielle qui sommeille actuellement telle une semence à l’intérieur de chacun de nous. Cette nouvelle faculté ouvre l’accès à la sphère d’activité qui pourra nous guider vers l’imagination morale lorsque nous découvrirons et travaillerons avec les exercices qui sont implicites dans la deuxième partie de « La Philosophie de la Liberté : La Réalité de la liberté. »

Rudolf Steiner décrit cette condition dans la conférence donnée à Dornach le 19 décembre 1920 (cette citation est tirée du volume « Liberté et Amour », Éditions Anthroposophiques Romandes, pp. 248-249) :
Or, il y a une possibilité de devenir tout à fait libre, de devenir libre dans sa vie intérieure, quand on exclut autant que possible le contenu des pensées dans la mesure où il vient de l’extérieur, quand on l’exclut toujours davantage et qu’on met intensément en mouvement l’élément volontaire qui, dans nos jugements, dans nos conclusions, pénètre de ses rayons la pensée. C’est cela qui met notre penser en cet état que j’ai appelé, dans ma « Philosophie de la liberté », le penser pur : nous pensons, mais dans le penser ne vit que la volonté. J’ai particulièrement précisé et accentué ce fait dans la nouvelle édition de la « Philosophie de la liberté » en 1918. Ce qui vit alors en nous, vit dans la sphère du penser. Mais quand cela est devenu penser pur, on peut aussi en parler comme étant volonté pure. Ainsi nous parvenons donc à nous élever du penser à la volonté, quand nous devenons intérieurement libres; dans une certaine mesure nous rendons notre penser assez mûr pour qu’il soit totalement pénétré de volonté, ne prenant plus rien à l’extérieur, mais vivant dans la volonté. Et précisément par le fait que nous renforçons toujours davantage la volonté dans le penser, nous nous préparons à ce que j’ai appelé dans « La Philosophie de la liberté » l’imagination morale, qui s’élève cependant aux intuitions morales, qui alors pénètrent et rayonnent à travers notre volonté devenue pensée ou notre pensée devenue volonté. De cette manière nous nous élevons au-dessus de la nécessité physico-sensible, nous nous pénétrons des rayons de ce qui nous est propre et nous nous préparons à l’intuition morale. Et c’est bien sur de telles intuitions morales que repose tout ce qui, tout d’abord, du monde spirituel, peut emplir l’homme. Ce qu’est la liberté vit donc en nous quand nous laissons devenir la volonté de plus en plus forte dans notre penser.

Durant la fin de semaine du 23 au 25 octobre 2015, nous vous invitons à vous joindre à nous pour entreprendre cette chasse au trésor lors du congrès qui aura lieu à l’église de la Communauté des Chrétiens à Thornhill, en Ontario. Veuillez visiter le site www.philosopyfreedom.ca pour y inscrire vos coordonnées si vous désirez recevoir les mises à jour sur le congrès et savoir quand nous commencerons à recueillir les demandes d’inscription.

Les membres du groupe de planification du congrès se sont réunis en septembre (2014) pour travailler l’exercice fondamental eux-mêmes et se pencher sur les objectifs et le format du congrès. Nous avons décidé de faire porter le congrès d’octobre 2015 sur la première partie de « La Philosophie de la liberté : La Science de la liberté. » Et déjà on voit commencer à poindre une imagination de ce sur quoi porterait le congrès suivant, en octobre 2016 – à savoir, des exercices implicites dans la deuxième partie du livre : « La Réalité de la liberté. »

En annexe : une initiative parallèle vise à mettre en scène une partie du premier Drame-Mystère, « La Porte de l’initiation ». Il s’agit de monter le prélude et les trois premiers tableaux. On prévoit deux représentations, dont l’une dans le cadre de notre congrès sur la « Philosophie de la liberté ». Même si les conversations entre les porteurs de ces deux initiatives ne font que commencer, nous nous attendons à ce que le congrès puisse explorer, parmi d’autres intentions, les liens entre « La Philosophie de la liberté » et « La Porte de l’initiation. »

Tim Nadelle

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