19 Nov Mary Carmack Whybray : 23 mai 1923 – 19 octobre 2017
Mary Carmack Whybray est née à Basingstoke Hampshire, Angleterre le 23 mai 1923. Deuxième enfant de Robert et Alberta Jane Dudman, ses premières années d’école ont été passées dans ce comté qu’elle portait dans son cœur avec tant de chaleur. Elle affectionnait particulièrement le site de la maison maternelle à West Mill, Wherwell, sur les rives de la rivière Test – le paysage charmant et la rivière elle-même. À la fin de ses études, Mary est allée travailler dans l’est de Londres à la paroisse de Saint George in the East, Stepney, et a enseigné également dans une école de la commission scolaire du comté, école dont les élèves étaient majoritairement des enfants d’immigrants. C’est là qu’elle a développé son intérêt pour le travail avec les enfants ayant des difficultés d’apprentissage.
En 1956 elle a épousé un musicien/compositeur canadien, Murray Shaw Carmack, et s’est installée avec lui à Vancouver. À partir de ce moment, elle partageait sa vie entre deux pays. Ces deux filles, Catherine et Elizabeth, sont nées en Angleterre, mais possédaient également la nationalité canadienne. Au bout de vingt années de mariage, elle s’est divorcée et, de l’école de Vancouver où elle avait mis sur pied et dirigeait le programme pour l’adaptation scolaire, elle est allée assumer un poste d’une année à la Bradford Child Guidance Clinic. C’était l’époque où le parlement de la Grande-Bretagne adoptait des lois permettant que les élèves en adaptation scolaire poursuivent leur instruction au-delà de l’âge de seize ans. Et Mary a eu un poste comme professeur senior pour former les enseignants en adaptation scolaire dans le comté de North Humberside.
Elle avait récemment repris contact avec une vieille connaissance, Norman Whybray, professeur des études du Vieux Testament et d’Hébreu à l’université Hull. Ils se sont mariés en mai 1979. Elle a développé un sérieux intérêt pour l’étude du Vieux Testament et est devenue membre de la Old Testament Society qui tenait des réunions en Angleterre et aussi outre-mer. Elle aidait à réviser les livres que Norman écrivait sur ce sujet. Ils ont pris leur retraite à Ely Cambridge en 1982, où Mary a travaillé comme bénévole à la maison Sue Ryder pour handicapés et personnes en soins palliatifs, et ce jusqu’à la mort de son beau-fils Peter en 1990. La mort subite de Norman d’une crise cardiaque est survenue en 1998 lorsqu’ils étaient en voyage. Et sa fille aînée, Catherine Carmack, violoncelliste professionnelle et professeur de musique à Vancouver, est décédée avant Mary, en 2003.
Durant les six dernières semaines de la vie de Mary, j’ai dormi dans sa chambre à la maison de soins. Mary est décédée dans une grande paix le jeudi 19 octobre à 11h10 en présence de son amie Angela Dutson et moi-même. Ses amis venaient la voir régulièrement jusqu’à la toute fin. Pendant les dernières semaines et les derniers jours, je me suis donné la tâche de créer une présence auprès d’elle pour qu’elle sente qu’elle n’était pas seule. En effet, Mary ne voulait pas mourir seule, mais je me suis rendu compte que je ne serais peut-être pas présente le moment venu. Le matin du jeudi 19, Angela est arrivée comme d’habitude à 10h30 et lisait pour Mary d’une voix douce. Je suis venue faire un tour exceptionnellement à 11h05, car je quittais habituellement la maison de soins entre 7h et 9h pour rentrer chez moi me préparer pour ma journée de travail. Lorsque c’était possible, je faisais une visite éclair au cours de la journée entre deux cours que je donnais ou lorsque mes autres obligations me le permettaient; et je ne savais jamais si j’allais trouver Mary encore en vie. À cette occasion, en passant rapidement dans le corridor, j’ai jeté un coup d’œil vers l’infirmière et la préposée et ai vu dans leurs yeux que Mary était encore en vie. Arrivée dans la chambre j’ai trouvé Angela assise à côté du lit, en train de faire la lecture à Mary d’une voix douce. J’ai laissé échapper un soupir de soulagement, et comme Mary réagissait toujours au son de ma voix, j’ai pu distinguer une lumière dans ces yeux à demi ouverts. J’ai demandé à Angela si je pouvais m’asseoir quelques minutes à côté du lit avant de partir travailler. Lorsque Angela s’est levée et que je me suis assise, en regardant Mary encore une fois, je me suis rendu compte qu’elle s’était éteinte au moment même où notre attention s’était détournée. J’ai placé la main sur sa poitrine, comme je le faisais souvent, et ai senti que son cœur ne battait plus. « Mary vient de mourir! » ai j’exclamé. Angela a tâté son pouls, et a confirmé le décès. J’ai alors fait le tour du lit et ai pris Mary dans mes bras, la soulevant, la serrant contre mon cœur, l’embrassant, pendant cinq minutes. Elle ne pesait sûrement pas plus de 80 livres au moment de son décès. Angela et moi avons alors préparé le corps avec de l’huile de rose. Pendant les sept dernières semaines, j’avais été en conflit avec le personnel du centre, demandant que l’on respecte la volonté de Mary de ne pas subir des injections sous-cutanées d’hydromorphone. Mary voulait pouvoir gérer la douleur elle-même. Mais le personnel infirmier canadien s’est emparé du pouvoir sur les protocoles de fin de vie, privant ainsi les individus du droit de mourir selon leur propre volonté. Mary n’était pas vraiment au courant des conflits que je vivais avec le personnel et la direction de l’établissement. Alors, quand elle s’est enfin éteinte, j’ai versé des larmes de soulagement, sachant qu’enfin ma lutte pour faire respecter la volonté de Mary avait porté fruit. J’ai ensuite transporté Mary à la maison pour que le corps y repose pendant 3 jours. Au commencement du troisième jour, j’ai fait venir les amis les plus intimes à la maison. Susan Locey, prêtre de la Communauté des Chrétiens, qui venait depuis quatre années porter la communion à Mary, a célébré les rites funèbres chez moi. Nous étions une bonne vingtaine d’âmes, la plupart des amis de Mary, mais aussi quelques-uns de mes propres amis venus me soutenir. Les rites funèbres ont été d’une extraordinaire intensité, signifiant l’entrée du défunt dans le monde spirituel. Nous avons tous assisté debout à la cérémonie de trente minutes. J’ai expliqué que nous nous étions réunis pour célébrer le mystère de l’éthérique, pour reconnaître le principe vital qui avait donné à Mary sa forme et sa volonté d’action en tant qu’individu. J’ai expliqué également comment les rites russes pour le moment de la mort préconisent une période de trois jours et trois nuits durant laquelle l’esprit du défunt plane au-dessus du corps. Ce phénomène est remarqué dans l’occident seulement dans la mesure où l’on constate la croissance des ongles et (pour les hommes) des poils de la barbe. Les rites funèbres ont été vécus comme un moment d’intensité, de chaleur et de guérison, que j’associe au Graal.
Il y aura deux célébrations commémoratives en sa mémoire, l’une au Canada et l’autre en Angleterre. Celle de Vancouver sera célébrée par Susan Locey à la Communauté des Chrétiens le 25 novembre 2017. La seconde aura lieu à une date encore à déterminer dans la cathédrale d’Ely et assumée par l’évêque de Worcester, Dr John Inge, un ami qui a travaillé avec Mary à l’époque où elle dirigeait le programme pastoral à la maison Sue Ryder. Mary a toujours souhaité que le compositeur Howard Skempton fasse une nouvelle œuvre pour être entendue à sa mort, et elle a été heureuse d’apprendre avant son décès que le compositeur mettrait les paroles du psaume 23 en musique pour ses funérailles à la cathédrale d’Ely.
Il y a quelques années, j’avais demandé à Mary d’écrire sa propre biographie pour servir de notice commémorative lors de sa mort, donc le volet biographique ci-dessus est d’elle-même et revêt par conséquent un caractère encore plus personnel. Les photos de Mary ont été prises durant les trois jours où elle gisait à la maison.
Avec chaleur!
Elizabeth : 22 octobre 2017
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