15 Juin AMÉRIQUE DU NORD – Une deuxième chance pour le monde
30 participantsont assisté au dernier congrès « A Second Chance for the World » (Une deuxième chance pour le monde) à Vancouver. Dans ses deux conférences, « Que s’est-il passé durant les 100 dernières années et qu’est-ce qui aurait pu se passer? » et « Qu’envisageons-nous pour les 100 prochaines années? », Christopher Houghton Budd a jeté les bases pour le déroulement du congrès. L’économiste mexicain Marcelo Delajara, de son côté, a parlé sur « Une deuxième chance pour le travailleur et pour le revenu : qu’est-ce qu’un salaire décent? » Il a décrit son projet de recherche dans la ville de Mexico visant à assurer un revenu digne pour les travailleurs, une rémunérationqui dépassela notion de « à travail égal,salaire égal ». Anna Chotzen, gérante d’un projet qui a pour but de donner accès à des terres et à desassistancestechniques pour des individus qui veulent se lancer dans le domaine de l’agriculture (incubator farms), projet qui est offert à Mt. Vernon, dans l’état de Washington, a donné une présentation ayant pour titre : « Une deuxième chance pour l’agriculture : Le fermier-entrepreneur ». Elle insiste sur le fait qu’il est essentiel de s’éloigner de la perceptiontraditionnelle de l’agriculture comme une industrie, ou d’autre part, de voir l’exploitation d’une fermecomme étant quelque chose de folklorique ou suranné. Il faut au contraire que l’agriculteurdéveloppe des compétences entrepreneuriales, que l’on considère le fermier comme étant le propriétaire d’un commerce. Elle a présenté à la fois un programme de développement entrepreneurial et un projet offrant une structure de partage équitable dela propriété des terres.
La conférence a débuté avec l’énoncé des pensées suivantes : Nous sommesen train d’aborder ici quelque chose de très sérieux. À la fin de cette période de 100 ans, beaucoup de pays se trouvent en situation de crise, et sont au bord de la faillite. Ils sont à la dérive. On ne trouve plus de réponses aux problèmes. Tous les chemins connus ont déjà été essayés. L’histoire de l’avenir dépendra dece que chacun de nous fera. Il ne dépend que de nous defaire le pas qu’il faut – activer un chemin jusqu’ici non perçu. Les attitudes qui se polarisent à tous les niveaux semblent insurmontables, et le résultat en est qu’il y a davantage de souffrance, de paralysie, d’inaction. Mais, nous proposons ici qu’il soit possible d’opérer un déblocage, de donner une seconde chance et même produire une « deuxième renaissance ».
Bien des gens pensent que les choses aujourd’hui sont en effet comme elles ont toujours été. Mais elles ne sont comme elles sont actuellement que depuis une centaine d’années, et résultent du fait que l’humanité a pris un mauvais virageen 1919. Car nous n’avons pas su reconnaître les jalons placés par Rudolf Steiner dans l’histoire de l’humanité pour guider nos pas, à savoir :
- Sonlivre: Les Éléments fondamentaux pour la solution du problème social (GA 23)
- La première école Waldorf, fondée à Stuttgart en 1919
- La compagnie Der Kommende Tag, fondée à Stuttgart en 1919
- Le cours sur l’économie, 14 conférences données à Dornach en 1922
- Le Congrès de Noël de 1923/1924, Dornach
Or, à l’époque, et à cause des manipulations exercées par l’Ouest durant la Première Guerre mondiale, le pouvoir est passé entre les mains desAnglo-américains,qui allaient gérerle monde pendant 100 ans. (4)Nous nous trouvonsmaintenant, en 2019, à la fin de cette période. Pour réaliser un nouveau début, nous devrons comprendre que le point de départ, c’est nous-mêmes et que le terrain de notre activité réside dans notre économie personnelle. L’histoire commencera lorsque nousauronscompris ce qui vit dans notre volonté. L’avenir sera créé par l’initiative de jeunes gens qui trouventdu capital pour se lancer dans des projets. Les marchés du travail ne sont pas pertinents. La théorie de l’offre et de la demande est totalement fausse. Le nouveau mot d’ordre sera : l’histoire de demain est ce qui vit déjà dans ta propre volonté. Pour que cela se réalise, il faudrait que les compétences financières soient enseignées dans toutes les écoles. Pourquoi est-ce que ce n’est pas le cas?
D’Arcy Mackenzie de Toronto, à qui a été dédié cet événement, était totalement engagé dans le domaine de l’économie associative jusqu’au moment de sa mort prématurée en 2018. Il a travaillé dans le domaine des fonds de pension, et il chevauchait la ligne entre les deux mondes – celui qui est et celui qui pourrait être. Son expérience l’a amené à croire que les fonds de pension n’avaient pas leur place dans l’économie du futur. D’autres éléments de l’économie associative seraient :
- L’absence de banques
- Aucun accent mis sur la stabilité des prix (qui favorise le capital aux dépens dutravail); cela sera remplacé par la notion du « prix juste ».
- Les prêts et emprunts garantis seraient proscrits, et seraient remplacéspar des prêts accordés directement à l’individu (crédit personnel).
- Aucune fondation permanente (qui préserve le capital);à remplacer par des fondations permettant d’établir un taux de retrait viable (« désépargne »).
Et ainsi, au bout de 100 ans, nous devrons pouvoir réaliser :
- Un chœur des peuples; pas de Nations-Unies.
- Une économie mondiale unique, où l’argent servirait de comptabilité
- Des bourses à caractère moral; les banques et fonds mutuels remplacés par des sociétés par actions qui donnentleur envol aux entrepreneurs soucieux desvrais besoins des autres.
Et, pour aller encore plus loin, la vie économique devrait suivre les indications de :
- Luca Pacioli, le père de la comptabilité, qui insistait sur la nécessité d’une formation éthique préalable à la formation financière : « Au nom de Dieu, je serai juste dans toute ma comptabilité ».
- – L’altruisme dans le monde des affaires : aucun égoïsme, pas de motifs cachés intéressés; ne faire que servir autrui.
- – Aristote: Sache reconnaître et le dire quand « Assez est assez ».
- – Rudolf Steiner, qui affirmait souvent dans ses conférences : « Je vous présente mes excuses si les puces piquent lorsque nous parlons du capital …. » Et ceci, il le disait devant des publics de gens fortunés, dont il devait avoir besoin pour leur soutien financier.
- – Owen Barfield5, qui disait que nous devons savoir faire la distinction entre le vrai matérialiste et le vilain matérialiste : le vrai matérialiste dit : « Je ne peux pas voir un monde spirituel, donc je ne peux rien dire à ce sujet. » Le vilain matérialiste dit : « Je ne peux voir un monde spirituel, donc il n’existe pas. »
- George Soros, qui a lancé un avertissement, disant que dans le domaine de l’économie, les pensées sont des choses.
Pour entrer dans ce décor, on nous a introduits dans l’espace d’un dialogue imaginaire dans une pièce de théâtre mettant en scène trois individus du début du 20esiècle. Deux d’entre eux représentaient des points de vuediamétralement opposés, et le troisième faisait figure de témoin, observant les deux autres pendant qu’ils exposaient leurs points de vue divergents. Grâce à une diplomatie peu imposante, mais efficace, le chaos karmique entre les deux en est arrivé à une harmonisation qui était palpable, mais difficile à expliquer. La musique de fond, la « promenade » des Tableaux d’une Exposition de Moussorgski, suggérait que les personnages avaientfait des pas importants. En effet, les trois personnages, Woodrow Wilson, John Maynard Keynes, et Rudolf Steiner semblaient avancer pas à pas vers un nouvel avenir…
Peut-être avons-nous tous fait le même pas en avant? (6)
4 SeeVoir le cycle de Rudolf Steiner donné en1919 : Les mystères de la lumière, l’espace etde la terre.
5 Owen Barfield (1898-1997), philosophe, critique littéraire et auteur britannique renommé : auteur deRomanticism Comes of Age, History in English Words etSaving the Appearances: A Study in Idolatry among others. Il a traduit plusieurs ouvrages de Rudolf Steiner en anglais et était un vrai représentant de l’anthroposophie dans le monde anglophone.
6Une modeste documentation de cet événement est en préparation.
Un nouveau paysage, une deuxième chance… Le congrès a eu lieu durant un week-end que Mary Steward nous a décrit comme étant une sorte de mystère céleste, des « Pâques intérieures ». Si la première pleine lune selon l’astronomie avait été utilisée pour déterminer la date de la fête de Pâques, alors notre rencontre à Vancouver s’est tenue lors de ce qui aurait été le dimanche de Pâques (le 24 mars).
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