18 Nov NOUVELLES DE LA CÔTE OUEST
Découvrir la nature de l’eau : « EverythingFlows », congrès tenu en septembre 2017 à North Vancouver dans les locaux de Cascadia
Jennifer Greene a ouvert le congrès en nous montrant sa copie maintes fois rafistolée du livre de Theodor Schwenk : « Sensitive chaos : the Creation of Flowing forms in Water and Air ». Anthroposophe, ingénieur et pionnier dans le domaine de la recherche sur la nature de l’eau, l’auteur de ce livre a fondé l’institut de recherche pour les « Flow Sciences » en Allemagne. Jennifer traîne ce volume avec elle partout, l’appelant son « livre de mystères ». Elle poursuit ses propres recherches sur l’eau selon les indications de Schwenk dans le Water Research Institute situé à Blue Hill, Maine.
« En une seule goutte, on peut découvrir tous les secrets sur la nature de l’eau » a-t-elle affirmé. Nous avons tous créé une goutte d’eau à l’aide d’une seringue, et l’avons ensuite « fait grandir » tout en observant ce qui changeait et ce qui restait pareil. Jennifer nous a alors demandé : « Que pouvons-nous dire sur la nature intrinsèque de l’eau? » Nous avons observé, entre autres choses, que la goutte avait une forme ronde, une couleur argentée, et qu’elle frémissait.
Nous avons alors fait tomber une goutte d’eau tintée dans un pot d’eau claire. La goutte est restée une fraction de seconde sur le dessus avant d’assumer la forme d’un anneau à mesure qu’elle descendait, le tout se faisant en en clin d’œil. L’anneau se dilatait en formant des nœuds, et ensuite d’autres anneaux; nous avons observé, fascinés, pendant que les anneaux descendaient en flottant jusqu’au fond du pot.
Un des participants a fait la remarque que les anneaux semblaient s’amuser dans leur voyage vers le fond.
L’eau aime se mouvoir tout en gardant sa qualité de rondeur. Nous avons appris que l’eau qui coule naturellement s’efforce de se déplacer en méandres et que le mouvement finit par s’épuiser pour devenir enfin une série de gouttes.
Le deuxième jour, nous avons créé un « méandre en filet » : un grain de potassium introduit dans un cours d’eau a fait que l’eau a pris une teinte fuchsia, ce qui a facilité l’observation. Nous avons vu c créer un mouvement de pulsation et la formation d’un renflement.
Nous pouvions observer deux tourbillons dans l’espace du renflement – l’un des deux se dirigeant en amont, l’autre en aval. Un participant de s’exclamer : « On dirait un cœur qui bat! » Et ainsi, nous avons appris que l’eau qui coule en aval a toujours un contre-courant qui coule en amont.
Sur les tables de travail, on avait placé des bacs contenant de l’eau qui avait été épaissie avec un peu de sucre. On a fait tomber dans cette eau épaissie des gouttes d’eau d’un bleu foncé. Avec un bâton, nous avons tracé un mouvement linéaire dans l’eau, et nous avons observé comment des formes de vagues se créaient avec netteté le long de la ligne de mouvement alors qu’en même temps d’autres formes de vagues se dessinaient ailleurs dans le récipient. Nous avons découvert ainsi que l’eau mouvante se relie à son entourage.
Ensuite, le mercredi, nous avons créé des tourbillons d’eau dans des pots assez volumineux en plongeant un bâton dans l’eau à la verticale et pratiquant des mouvements circulaires dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Lorsqu’on a laissé tomber six gouttes d’eau bleue dans le centre du tourbillon, nous avons vu des couches d’eau se déplacer verticalement et horizontalement dans des mouvements de pulsation, comme une sorte de respiration. Jennifer nous a expliqué que « les surfaces » des différentes couches d’eau avaient énormément augmenté. Lorsque l’eau forme un tourbillon, elle attire dans son environnement tout ce qui se passe dans le cosmos. Voilà pourquoi les préparats biodynamiques sont tellement efficaces. L’action de tourner le préparat crée d’immenses périphéries d’activité dont les effets se font ressentir à la grandeur du champ.
Le lendemain, nous avons observé des tourbillons qui se déplaçaient du bas vers le haut. Nous avons vu les mêmes voiles de couleur tourner en spirale autour du centre du tourbillon. Jenifer nous a présenté des diapositives montrant des motifs que font des gouttes d’eau colorées qui tombent sur une surface.
Tout au long des quatre jours du congrès, il y a eu des ateliers artistiques : tissage, chant, eurythmie, art de la parole, et du modelage de méandres en argile avec Jennifer et Herb Walsh. Les participants du congrès ont travaillé côte à côte avec les résidents et le personnel de Cascadia.
Le soir, nous avons entendu des causeries données par les membres de la communauté.
Gary Johnston, de la nation Squamish, a parlé du lien étroit qu’a son peuple avec l’eau. Les Squamish fabriquaient des canots en cèdre au moyen desquels ils effectuaient les déplacements entre leurs habitations d’hiver et d’été. On faisait des offrandes à l’être de l’arbre pour reconnaître son sacrifice à fournir le matériau pour la fabrication des canots; des cérémonies en l’honneur de l’arbre célébrées en regardant vers l’eau du large commémoraient symboliquement le renouveau de vie de l’arbre. Nous avons appris qu’il existe au Canada une cinquantaine de langues autochtones (dont 30 en Colombie-Britannique!) et que chacune de ces langues représente une culture particulière.
Peter McCartney, du Wilderness Committee, a donné une causerie sur les questions environnementales concernant l’eau. Notre utilisation obsessive des combustibles fossiles provoque les changements climatiques. Lorsqu’on brûle du pétrole, l’on génère du carbone qui crée une couche autour de la terre et réchauffe l’eau des mers. Le saumon a de la difficulté à remonter le courant des rivières lorsque la température de l’eau est trop élevée. En plus, l’eau devient acide, ce qui fait que les huîtres et les homards ont de la peine à former leurs coquilles et carapaces. Le Wilderness Committee travaille à instruire la population quant à l’importance d’augmenter l’utilisation de l’énergie solaire et marémotrice.
La révérende Susan Locey a débuté sa causerie en disant : « L’eau en moi salue l’eau en vous. » Elle a caractérisé l’eau comme étant un organisme qui circule constamment et s’ajuste à son environnement. L’eau est l’une des sept substances utilisées pour les sacrements au sein de la Communauté des chrétiens. Elle est constituée d’oxygène, élément solaire qui donne la vie alors que l’hydrogène dissout le vivant. Ces deux éléments maîtrisent leurs natures opposées pour œuvrer ensemble d’une manière toute nouvelle.
Aiona Anderson, de la nation Nte?kepmx, a grandi dans une maison au bord d’une rivière. Très jeune, elle a été envoyée dans des pensionnats indiens et ne rentrait chez elle que pour les vacances d’été. On lui a interdit de parler sa langue maternelle, ce qui l’a changée dans le tréfonds même de son être. Elle lutte depuis des années pour essayer de se refaire à tous les niveaux. Elle a trouvé de la guérison en pratiquant l’aquarelle sur papier mouillé et en étudiant sa langue maternelle. Les peuples autochtones « se tournent vers l’eau » lorsqu’ils vivent des difficultés, quelles qu’elles soient. Depuis des décennies, les peuples des Premières Nations sonnent l’alarme pour avertir le monde que les prochaines guerres seront livrées pour l’eau.
Le congrès s’est clos par une représentation dramatique du conte de Grimm : L’Eau de la Vie, que plusieurs participants avaient répétée pendant les quatre jours. La mise en scène a été assurée par Ruth Tschannen, aidée de Deepak Virk, membre du personnel de Cascadia. Ce dernier a tenu le rôle de narrateur avec sa voix retentissante, développée grâce à son enfance passée dans sa famille qui venait de l’Inde et où il fallait crier pour se faire entendre! Il a participé activement au programme de théâtre de son école secondaire et apprécie beaucoup le théâtre pour sa capacité de réunir les gens.
Quelle joie que de faire partie d’une reconstitution historique avec les résidents, les membres du personnel et les participants. Nous portions tous des costumes fort colorés et avons mimé des événements qui semblaient exister en dehors du temps et de l’espace, mais qui semblaient en même temps étrangement pertinents pour notre monde actuel. Nous étions hypnotisés par ce qui se déroulait devant nous. Si un besoin urgent se présentait, on pouvait demander à l’un d’entre nous d’enfiler un costume et assumer un rôle à la dernière minute. Tout semblait couler de source.
« L’eau a beaucoup de choses à nous enseigner » a dit Jennifer à la fin du congrès. L’eau est sociale; elle invite tout et tous à suivre; elle est altruiste et souple; elle nous montre comment on peut agir et se comporter envers les autres.
Nous sommes sincèrement reconnaissants envers Ruth Tschannen, qui a conçu et dirigé cet événement avec l’aide de beaucoup d’autres, notamment Monique Walsh et Jason Yates. Jennifer a tenu à souligner l’aide de Herb Walsh, qui s’est occupé d’assurer que tout le matériel nécessaire était prêt chaque jour. Il a dû effectuer plusieurs allées et venues au Home Depot!
Et nous remercions également Anthony Perzel d’avoir permis l’utilisation de quelques-unes de ses photos pour cet article.
Félicitations à tous!
Susan Koppersmith
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