Entrevue avec Marguerite Doray

Entrevue avec Marguerite Doray

Entrevue avec Marguerite Doray

-Comment as-tu rencontré l’anthroposophie?

Dans les années 70, suivant le mouvement de retour à la terre, je vivais en Beauce. C’était un moment d’introspection et de recherche sur l’éveil de la conscience. Zabulon Dostie m’offre  le livre «l’Initiation »  de Rudolf Steiner. Cette première lecture m’a conquise à cause de cette qualité de liberté et d’autonomie dans le développement spirituel. J’entrepris la lecture d’un deuxième livre «Les Bases spirituelles de l’Éducation ». Je décidai de suivre une formation en Pédagogie Waldorf à Emerson College. De retour, en 1980, je reprends mon travail d’enseignement au village.

Comme j’étais la seule Québécoise formée, Huguette Chaurette, de L’École Rudolf Steiner à Montréal, me demande de revenir à Montréal pour prendre une 1re année en septembre 81. À minuit, le soir de Noël 1980, une image m’est venue, l’image de la rose. La rose, métaphore de la manifestation visible de la pédagogie Waldorf. La rose que je dois contribuer à créer, c’est ce qui m’a décidée d’aller enseigner à Montréal.

Durant mes 19 années d’enseignement  à l’ERSM,  je rêvais de l’existence d’un commerce de produits issus de l’activité anthroposophique qui serait situé au rez-de-chaussée de l’école, symbole de la vie économique comme  support d’initiatives culturelles. Après tout ce temps, j’ai compris que c’était à moi de le faire.

À La St-Jean 2001 naissait  La Grande Ourse, une boutique de jouets Waldorf, non pas au rez-de-chaussée de l’École, mais au centre-ville de Montréal. À Noël 2005, je deviens propriétaire du 263  rue Duluth, un duplex commercial dont le deuxième étage  allait accueillir la Société Anthroposophique de Montréal qui se cherchait aussi un local.  C’est grâce aux prêts personnels d’amis issus de la communauté anthroposophique et Waldorf  qu’un tel événement a pu avoir lieu. La Société utilisera le local du deuxième et je devrai compléter le revenu nécessaire en louant les espaces pour d’autres activités culturelles.

– Comment es-tu arrivée à la décision de devenir membre de la société anthroposophique?

Pendant ma formation en Angleterre, j’ai eu une conversation avec un grand pédagogue (Werner Glass) qui m’a demandé quel était mon lien avec l’anthroposophie. Spontanément j’ai répondu « fully devoted ».

Après une conversation sur la société et la 1re classe, il me dit que tout professeur Waldorf devrait être membre de la société universelle et membre de la classe au plus tard à sa troisième année d’enseignement. Ce que je fis. Depuis, je me suis posé la question régulièrement. Être membre, c’est participer à l’élaboration de ce corps physique qu’est la société anthroposophique universelle. Par mes contributions et par mon travail, je collabore à l’incarnation dans le monde terrestre de l’esprit de l’anthroposophie. Autrement, il demeure dans le monde spirituel. Le pas suivant de la 1re classe permet d’être un meilleur serviteur de l’humanité.

-Et aujourd’hui?

La Grande Ourse est un lieu de parole où je peux transmettre ma connaissance de l’enfant comme je l’ai apprise de Rudolf Steiner,  de mes collègues, des enfants et de mes efforts quotidiens pour mettre en pratique ces connaissances. Le choix du jouet selon l’âge est un sujet propice à de tels échanges. Cette impulsion pédagogique invisible que je porte en moi depuis toujours devient visible avec tous ces jouets. C’est la métamorphose de la rose; son essence, bien qu’invisible, est déjà dans la feuille, mais elle ne se manifestera  qu’à la floraison.

À 74 ans, j’attends la relève.

 

Propos recueillis par Jean Balekian

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