La Pierre de Fondation et la vie quotidienne

La Pierre de Fondation et la vie quotidienne

La méditation de la Pierre de fondation a fait l’objet d’un atelier qu’animait Arie van Ameringen, secrétaire général, le samedi 10 mars dernier, à l’École Rudolf Steiner de Montréal, avec 11 participants. La veille, il a prononcé une conférence à la Grande Ourse devant 14 personnes sur le thème Nouvelles perspectives pour approfondir la Pierre de fondation. L’atelier comprenait aussi des exercices de concentration, la pratique de dessins de formes, avec Jean Balekian, et d’eurythmie, avec Andrée Lanthier. Tous deux utilisent, comme matériaux de base, la ligne droite et la courbe, qui se prêtent à de multiples combinaisons artistiques auxquelles ils ont initié les participants dans la bonne humeur.

La rencontre visait à encourager les membres de la Société anthroposophique à travailler davantage avec les rythmes de la Pierre de fondation. Chacun peut en effet approfondir ce texte, quel que soit son domaine d’activités. Arie porte d’ailleurs un projet de recherche sous forme d’un livre en co-création, qui traitera des liens entre la Pierre de fondation et divers secteurs de la vie humaine (médecine, pédagogie, etc.)

La Pierre de fondation est un appel à l’exercice pour la vie de tous les jours, selon lui. Il a rappelé le contexte dans lequel elle est apparue le 25 décembre 1923 à Dornach, lors de la refondation de la Société anthroposophique universelle, en présence de 800 personnes.

« Il s’agit d’un texte méditatif, d’une méditation fortifiante, d’une prière aussi. Rudolf Steiner en parlait comme de la Pierre de l’amour », a-t-il indiqué en faisant référence aussi à la pierre du Graal ou à la pierre philosophale. La méditation est composée de façon à présenter une image de l’être humain en devenir, qui met en perspective évolutive les trois facultés de l’âme – pensée, sentiment, volonté.

Nouveaux Mystères

Mais pourquoi cette méditation, en plus des autres textes sacrés et fondateurs, issus de la tradition (le Notre-Père, la prière de François d’Assise, de Bouddha, etc.) ? « Parce que la Pierre de fondation a ceci d’unique qu’elle est le fondement des Nouveaux Mystères », a précisé Arie. Un mystère est un acte pour l’humanité, une impulsion donnée par un initié pour équilibrer, harmoniser le monde à un moment donné. C’est une vision de l’être en voie de devenir humain. Or, si dans l’ancien temps, le mystère était ce qui ne pouvait être révélé, poursuit-il, chacun est libre désormais d’accéder aux Nouveaux Mystères, l’être humain s’étant affranchi du monde divin, des traditions, de la société, de la famille. Chacun devient soi-même son propre guide. Et travailler avec les rythmes de la Pierre de fondation constitue en soi une pratique.  Comment puis-je par exemple m’exercer à améliorer ma pensée, ma volonté, mon sentiment ?

L’atelier a souligné la multiplicité des exercices que propose l’Anthroposophie, en lien avec les différents rythmes du vivant. Chacun peut ainsi choisir pour lui-même ce qui lui convient : la rétrospective (rythme quotidien), le Calendrier de l’âme (rythme annuel par le déroulement des 52 semaines ), les exercices de la Semaine sainte (rythme hebdomadaire), où l’on s’identifie aux épreuves du Christ, ou ceux des Nuits saintes (rythme du 12, le Zodiaque), etc.

Guérison

La Pierre de fondation ne concerne pas seulement l’être humain individuel, mais aussi l’humanité comme telle et son évolution. Arie a mentionné le terme « anthropocène », pour qualifier notre époque géologique actuelle où l’activité de l’homme affecte directement la nature et l’environnement, et pas toujours pour le mieux. L’antidote, c’est l’acte libre de l’être humain qui peut choisir de devenir porteur du Christ. À lui de rendre plus consciente, pour lui-même et pour le bien de l’humanité, son expérience personnelle du Christ, en lien avec le Christ cosmique.

La première pierre de fondation – un double dodécaèdre – a été confiée à la terre lors de la construction du premier Goethéanum; la seconde, Rudolf Steiner l’a mise en parole et déposée dans le coeur des hommes au Congrès de Noël 1923-1924. Quelque chose a ainsi été libéré du physique et rendu au monde spirituel. Et si le texte s’adresse à l’âme, c’est précisément parce qu’elle fait le lien entre nos constitutions physique et spirituelle, entre la matière et l’esprit. La méditation veut aider l’être humain spirituel en devenir à s’insérer consciemment dans le processus d’évolution. L’aspect nouveau de la Pierre de fondation réside dans la volonté de Rudolf Steiner de relier les connaissances spirituelles et le monde physique.

Les rythmes suggérés autour des trois panneaux de la méditation (souvenance, présence, voyance de l’esprit) peuvent apporter une guérison des blessures de l’âme et nous guider dans notre évolution personnelle. Guérir, c’est trouver un rythme, car le rythme harmonise, et les trois panneaux contribuent à ce mouvement curatif. La méditation de la Pierre de fondation peut enfin être considérée aussi comme un guide pour l’autobiographie, pour construire notre propre cheminement, a conclu Arie. Il y voit également une réponse au virtuel.

 

Michel Dongois et Denis Schneider

 

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