La rencontre de lecteurs de Classe avec des membres du conseil tenue du 17 au 20 octobre 2019 à Thornhill, en Ontario.

La rencontre de lecteurs de Classe avec des membres du conseil tenue du 17 au 20 octobre 2019 à Thornhill, en Ontario.

Il s’agissait de la première rencontre destinée à explorer la nature de la Section d’anthroposophie générale telle qu’elle se manifeste au Canada. L’événement a accueilli, en plus de quelques lecteurs de Classe et plusieurs membres du conseil, les membres de la Première Classe de la région de Toronto.

Je portais en moi le désir d’approfondir ma compréhension de la Section d’anthroposophie générale, de son rôle dans l’ensemble de la vie anthroposophique, et de sa place dans ma propre vie. En effet, le terme « section » a toujours été une énigme pour moi, car il semble aller à l’encontre de la nature même de ce qu’il représente. Olaf Lampson a déjà suggéré le terme « champ/domaine » alors qu’Ute Weinmann préconisait le mot « sphère ». Ces deux options me plaisent davantage que le terme « section ».

Ce que je concevais d’abord comme une exploration du paysage de la Section d’anthroposophie générale, quand j’ai accepté de faire partie de l’équipe d’organisation de ce congrès avec Dorothy LeBaron, John Glanzer et Greg Scott, s’était transformé pour moi durant l’année en un processus d’approfondissement de la signification de l’anthroposophie dans ma propre vie. Pendant les dernières décennies, depuis mon premier contact avec l’anthroposophie, elle est devenue partie intégrante de ma vie extérieure et intérieure d’une manière que je n’aurais jamais pu concevoir auparavant. Elle imprègne mon travail de lecteur de Classe, mon activité d’enseignante, ma vie quotidienne, et mes rapports avec mes semblables. La Section d’anthroposophie générale coule dans ma vie comme une rivière dans un paysage, offrant un lieu de beauté et de vérité où je peux me réfugier pour me ressourcer. Elle enrichit ma vie, subtilement et profondément.

Le congrès a offert un excellent équilibre entre l’activité artistique (art de la parole eurythmie, peinture), l’activité dans le domaine de l’art social (biographie, travail artistique collaboratif, « café-conversation ») et les présentations sur l’histoire de la SAG. Eric Philips-Oxford a parlé de l’histoire du mouvement : « De l’incendie jusqu’à la Pierre de Fondation », et Bert Chase a amené le contexte historique plus loin dans sa causerie « Croissance : centre et périphérie – Goethéanum et Collégium ». John Glanzer a ajouté une explication à l’égard de l’impulsion qui nous a incités à organiser ce congrès : la question adressée aux lecteurs de Classe par le Goethéanum à l’automne dernier : quel aspect aurait la Section d’anthroposophie générale dans le monde si les lecteurs de Classe collaboraient à la tâche de la porter ?

Chaque jour, l’ambiance a été préparée par la lecture du rythme de la Méditation de la Pierre de Fondation en anglais, en français, et en allemand, les paroles étant récitées par Patricia Smith, artiste de la parole, et données en français par Eric Philips-Oxford.

Nous avons exploré ensemble les possibilités actuelles et futures de la Section d’anthroposophie générale en nous réunissant en petits groupes, style « café-conversation », une question différente étant approfondie à chaque table par le petit groupe de participants. Ensuite, nous nous sommes rassemblés dans le grand cercle, où une phrase-clé a été prononcée par chaque groupe. Ainsi, la conversation en plénière qui a suivie a été riche de contenu.

Quant à l’eurythmie, cet art du mouvement a été vécu de deux manières fort différentes. Dans le groupe réduit composé de lecteurs de classe et de membres du conseil, nous avons exploré pensée, sentiment et volonté pendant deux sessions où il fallait apprendre à ressentir la présence des autres membres du groupe et de nous déplacer harmonieusement ensemble. À l’aide d’un verset, nous avons exécuté des mouvements différents (pensée, sentiment, volonté), d’abord seuls, et ensuite dans un mouvement d’ensemble où les trois formes distinctes s’enchevêtraient. Trouver comment faire mouvoir en harmonie les trois forces de l’âme s’est avéré une tâche difficile, mais nous avons su surmonter les obstacles au bout de plusieurs répétitions. J’ai pu relier ces expériences à des moments de ma propre biographie où les forces de mon âme luttaient les unes contre les autres. L’exercice était à la fois ardu et stimulant, et, une fois que nous avions trouvé un synchronisme, l’expérience s’est avérée harmonieuse et belle. Je peux imaginer cet exercice réalisé avec des voiles de couleur : bleu pour la pensée, rouge pour le sentiment, jaune pour la volonté.

L’exercice de peinture dirigée par Regine Kurek pour le groupe plus restreint nous a également fait vivre les trois forces de l’âme.

Vendredi soir et toute la journée du samedi, le groupe a été élargi, ouvert à tous les membres de l’École de la région (une quarantaine de participants). Eric, Bert et John ont donné leurs présentations, et ensuite Regine Kurek, qui avait animé l’exercice de peinture la veille pour le petit groupe, a pris la relève. Elle a rendu les peintures faites la veille aux membres du petit groupe, qui devaient alors trouver un partenaire parmi les membres du grand cercle, une expérience merveilleuse, l’occasion de collaborer avec quelqu’un que l’on ne connaissait pas. On nous a demandé de décrire à notre nouveau partenaire le processus de création de notre peinture, ce qui a rempli la salle d’une énergie dynamique. Pour la prochaine étape, il s’agissait de coller notre peintre sur un énorme tableau monté sur le mur de fond de la salle. La peinture pouvait être disposée telle quelle ou déchirée ou découpée. Une fois tous les morceaux collés, on nous a fourni des crayons de cire et des fusains, nous demandant en tant que groupe de remplir les espaces entre les peintures pour les relier. J’ai été ravie de partager l’enthousiasme collectif, et je pense que la plupart d’entre nous avons vécu des moments actifs suivis de moments plus passifs quand nous cédions la place à d’autres et prenions du recul pour pouvoir être des observateurs, regardant comment les espaces entre les peintures se faisaient remplir. Le résultat ? Un grand tableau surchargé qui rappelait un graffiti qu’on aurait pu appeler un énorme cafouillage, ou, d’un autre point de vue, un beau trésor. À mon avis, le résultat était beaucoup moins important que le processus; le bourdonnement d’activité, de transformation, d’un groupe d’adultes en train de jouer – tout cela m’a procuré un sentiment de joie !

Nous avons commencé notre samedi matin par une rencontre de la Première Classe autour de la 5e leçon, présentée par Ute et suivie d’une conversation goethéenne qui, en plus d’être une expérience exceptionnelle en soi, a servi de préparation à l’exercice d’eurythmie dirigée par Michael Chapitis. Michael nous a fait vivre l’ambiance des notes de la gamme et des intervalles entre deux tons, nous offrant ainsi une possibilité de créer un rapport avec notre cheminement personnel, particulièrement en ce qui concerne le seuil. La sonorité musicale portait l’ambiance, et en tant qu’individus, nous pouvions sentir un seuil en exécutant les mouvements pour les tonalités et les intervalles entre les sons (gestes indiqués par Rudolf Steiner). Ici, nous avons réussi assez rapidement à maîtriser les gestes et à nous déplacer ensemble en tant que groupe. En somme, une expérience exceptionnelle. Quelques anthroposophes plus âgés ont observé l’activité des côtés de la salle, n’étant pas en état de participer. J’ai la certitude que ce qu’ils ont ainsi contemplé les a nourris autant que les mouvements ont nourri nous qui avons exécuté les formes suggérées. Suivant la pause du matin, nous avons exploré les trois thèmes du congrès selon la formule « café-conversation » autour de 6 tables, chaque tablée de six à huit participants échangeant leurs idées sur un des thèmes. Ces thèmes avaient été énoncés par le Comité au Goethéanum dans le numéro de décembre 2018 du bulletin pour les membres Anthroposophie aujourd’hui sous la rubrique : « la Section d’anthroposophie générale – une culture de la dignité humaine » :

  1. L’anthroposophie comme une anthropologie spirituelle de l’être humain.
  2. L’anthroposophie comme connaissance du monde et connaissance de soi, créer une pensée éthique.
  3. La Section d’anthroposophie générale comme porteur de la Première Classe.

Un atelier animé par Gabriela Freydank-Edelstein nous a donné une vue d’ensemble des rythmes de la biographie et des seuils rencontrés durant la vie. Elle nous a ensuite proposé un exercice visant à explorer un seuil relevant de notre propre biographie en nous demandant d’en faire un dessin assez simple et de l’expliquer ensuite aux autres du groupe de trois participants dont nous faisions partie. Elle nous a enfin fait vivre une expérience saisissante d’une traversée de seuil. Elle nous a demandé de sortir un à un, lentement, de la salle, portant en nous l’expérience personnelle d’une traversée du seuil lorsque nous franchissions la porte de la salle – et ensuite nous devions nous retourner pour regarder l’endroit d’où nous venions.

Une plénière riche en contenu a terminé notre temps ensemble avec le groupe élargi.

En nous retrouvant dimanche matin entre lecteurs de Classe et membres du conseil, nous avons convenu qu’il serait important de tenir ces rencontres annuelles de la Section d’anthroposophie générale dans un endroit se trouvant du côté opposé du pays par rapport au lieu où se tient l’AGA du mois de mai. De cette manière, deux congrès anthroposophiques annuels pourraient être tenus dans différentes régions de notre vaste pays. Puisque l’AGA de mai 2020 est prévu pour Vancouver, nous entreprenons des démarches en vue d’organiser un éventuel congrès de la Section d’anthroposophie générale à Montréal au mois d’octobre.

Ce que j’ai « retiré » de ce congrès : une profonde reconnaissance envers tous ceux qui y ont participé; je suis repartie avec l’idée qu’on y avait observé l’action du karma, et qu’à notre époque il faut créer des occasions pour pouvoir nous lier à d’autres qui appartiennent au même « courant ». J’ai vécu un resserrement de mon lien avec Anthroposophia, ressentant combien mes paysages intérieur et extérieur sont liés, dans le contexte de son Être. J’ai senti que mes questions avaient trouvé un écho, et que des réponses significatives viendront à leur tour.

Avoir eu cette occasion d’explorer ces questions avec des compagnons de ce même courant a été pour moi une expérience enrichissante, revigorante, inspirante.

Kim Hunter

 

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