Micah se raconte

Micah se raconte

 

Micah Edelstein, quel plaisir cela a été de te retrouver dans le taxi qui nous conduisait à l’aéroport le dimanche, après la clôture du congrès À la recherche de notre humanité du mois d’août! Tu m’as expliqué que tu vivais à Halifax et que tu faisais partie du groupe d’études anthroposophique qui se donne le nom de Small is All  (‘Petit, mais puissant’). Pourrais-tu m’en dire plus long sur ce groupe et ses initiatives? Pourquoi lui avez-vous donné ce nom particulier?

 

Oui, j’habite à Halifax et nous avons un groupe de lecture qui se rencontre le premier samedi de chaque mois chez les Osmond. Nous sommes un noyau de 5 personnes âgées de 34 à 90 ans, et, de temps à autre, il y a un 6e ou 7e membre qui vient se joindre à nous. Nous nous rencontrons régulièrement depuis maintenant deux ans. Le déroulement des rencontres est toujours le même : un souper à 17h30 durant lequel nous échangeons nos idées sur les expériences de nos vies, sur nos voyages et sur l’actualité, et nous poursuivons avec une heure et demie de réflexions sur notre lecture.

 

Nous prenons grand soin de bien délimiter le moment où le volet études commence et se termine; il s’agit d’un geste qui découle de notre intention de travailler ensemble dans l’esprit de la connaissance anthroposophique et de notre reconnaissance de la présence de l’être Anthroposophia dans le monde. Le groupe d’études commence toujours par un résumé préparé par un des membres en guise d’introduction, un genre de rendu libre de ce qui a été lu par tous.

 

Le terme « Small is All » est une expression que je crois avoir été donnée par Arthur et Margaret Osmond pour souligner le fait que la qualité du groupe l’emporte sur le nombre. Cinq individus ne constituent pas un grand groupe, mais lorsque cinq personnes fournissent un travail significatif axé vers le monde spirituel, cinq devient un nombre significatif. Je dois expliquer que les Osmond sont venus à Halifax de Grande-Bretagne, où ils avaient vécu et œuvré à Michael Hall. Ils sont arrivés à Halifax en 2011, la même année où moi-même j’y suis arrivé, venant de l’Ontario.

 

À notre connaissance, il n’y avait pas à l’époque de groupe de lecture anthroposophique. Nous pouvons dire qu’il y existe maintenant un groupe qui reconnaît que le nombre de membres est moins important que la qualité. Un travail important peut être accompli pour le monde lorsque des cercles restreints d’individus animés par une conscience du monde spirituel se réunissent. C’est dans ce sens que l’on peut affirmer que « small is all. »

 

Tu as pu assister aux réunions du cercle des jeunes tenus dans la résidence étudiante de la Cité collégiale durant le congrès. Serais-tu en mesure de me dire ce que toi, étant un des jeunes participants du congrès, as retiré de ces rencontres?

 

Cela a été pour moi un grand plaisir de faire partie du cercle des jeunes pendant ce congrès. Nous avons eu la chance de compter parmi nous des membres du cercle des jeunes provenant d’Allemagne, des Pays-Bas, des États-Unis, de la France et du Canada francophone et anglophone.

 

J’ai passé mon enfance à Thornhill, en Ontario qui est, pour ceux qui ne le connaissent pas, un endroit multiculturel où l’on retrouve une grande diversité d’orientations spirituelles.

 

En 2000, j’ai fini mes années de scolarité à la Toronto Waldorf School, dont le terrain était à l’époque séparé d’un centre juif Yeshiva par un champ de maïs. Maintenant, de l’autre côté du ravin se trouve l’église de la Communauté des Chrétiens, et entre le Yeshiva et le Toronto Waldorf School on a construit un centre islamique avec sa tour de prières et son insigne d’Islam.

 

Le voisinage autour est maintenant peuplé de gens qui parlent une grande variété de langues. À bien des niveaux, on peut parler d’un mini-Jérusalem – peut-être même d’un nouveau Jérusalem, sans le constituant historique.

 

Ce qui m’a le plus inspiré du cercle des jeunes au congrès était l’aspect cosmopolite qui imprégnait tout, jusqu’au cœur des participants. Entendre parler des diverses initiatives lancées dans les différentes parties du globe a été comme une affirmation d’un thème qui est au centre de la connaissance spirituelle – que l’époque michaélique transcende les notions contraignantes de nation, et que les idées et impulsions traversent les frontières et unissent les peuples sans distinction de pays ou de langue. Pour moi, il s’agissait là d’une affirmation de notre réalité spirituelle actuelle.

 

 

D’après toi, que cherchent les jeunes d’aujourd’hui lorsqu’ils rencontrent l’anthroposophie?

 

Je suis d’avis que lorsqu’un jeune décide d’assister à un congrès anthroposophique ou de lire un livre de Steiner, il cherche une manière de vivre son humanité qui n’est pas fournie par les expériences de la vie quotidienne. Il existe à l’intérieur de chaque individu qui est attiré par la vie spirituelle. Dans un sens, on peut dire qu’un jeune, ou n’importe quel individu qui rencontre l’anthroposophie pour la première fois est déjà « anthroposophe » même avant de la rencontrer.

 

Ces individus viennent à l’anthroposophie par une prise de conscience intime ou parce qu’ils aspirent à devenir plus humains, de vivre la vérité et l’amour.

 

Avec l’anthroposophie nous possédons un chemin qui permet de découvrir notre noyau intime reflété dans le monde extérieur. Ceci est impossible sans la science de l’esprit. J’ai moi-même un projet relié à ce thème : une recherche sur le papillon à la lumière de la science spirituelle.

 

Une des idées avec lesquelles je travaille actuellement est celle qui voit le papillon comme étant une image extérieure de la conscience de notre « Je. » L’idée en elle-même est fort simple, mais signifie pour moi que notre « je » humain et le papillon sont tous les deux de la lumière devenue consciente d’elle-même. Ce phénomène se produit à la fois à l’intérieur de l’organisme humain et dans le monde de la nature extérieure. Nous voyons là deux différentes expressions d’un même phénomène. Le principe papillon est une manifestation de notre microcosme et de notre macrocosme.

 

D’une certaine façon, on peut dire que chaque anthroposophe commence son voyage avec l’anthroposophie en découvrant quelque chose de nouveau ou d’inconnu en lui-même. C’est une initiation à une connaissance plus profonde de soi, une connaissance qui se développe grâce au fait que nous apprenons à nous lier intimement les uns aux autres et à lutter contre nos expériences purement subjectives face à un monde qui lui est objectif.

 

Celui qui emprunte ce chemin apprend qu’il est ardu et souvent dépourvu d’expériences agréables. Tout dépend de comment nous nous orientons par rapport à la vérité.

 

Si la vérité nous gêne, alors l’anthroposophie s’avérera être un chemin pénible et on aura tendance à rejeter son contenu et ses intentions. Mais si nous considérons que la vérité est quelque chose de sacré par-dessus tout, alors l’anthroposophie peut nous apporter la force et la conscience nécessaires pour réaliser le plein potentiel de notre humanité.

 

Ce que j’ai reconnu chez les jeunes participants du congrès, c’était cette aspiration de vivre dans la chaleur de la vérité de l’anthroposophie et de travailler à partir de cette chaleur. Il y a un constituant karmique qui agit lorsque le microcosme qu’est l’expérience humaine de l’individu se trouve reflétée dans le macrocosme que constitue un groupement d’âmes. Ceci peut créer des sentiments d’amour, de paix et de joie parce que le « je » de l’individu est au fond en train de remplir sa tâche d’unir le spirituel en lui-même au spirituel de l’autre.

 

Il est intéressant de constater que seulement la moitié des jeunes présents au congrès d’Ottawa avaient grandi dans des milieux anthroposophiques (écoles Waldorf ou communautés Camphill). D’autres membres du cercle avaient connu l’anthroposophie en rencontrant des anciens élèves Waldorf ou tout simplement en lisant des ouvrages de Steiner.

 

Je pense qu’il est important pour les jeunes de connaître l’anthroposophie et de rencontrer des anthroposophes sans nécessairement devoir s’identifier comme anthroposophes. L’anthroposophie parle à tous ceux qui aspirent à une conscience du spirituel, même inconsciemment.

 

En ce qui me concerne personnellement, je suis très enthousiaste à l’idée de travailler à ouvrir les portes du « Goethéanum spirituel » et d’inviter le monde entier à y pénétrer. L’anthroposophe peut constamment incarner les réalités spirituelles par ses actes, et ces actes parlent au « je » humain de chaque individu, même lors de la première rencontre avec l’anthroposophie. Ceci produit un effet durable sur le monde.

 

Unir ses expériences personnelles à la connaissance anthroposophique est chose essentielle. Mais il faut, pour que le contenu spirituel agisse efficacement dans le monde, que l’on ait une confiance inébranlable envers le monde spirituel.

 

Merci Michah!

 

Susan Koppersmith

 

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