18 Juin Mot du Secrétaire général – Juin 2014
– Arie van Ameringen
Chers amis,
Dans quelques semaines, il y a aura 100 ans que la Première Guerre mondiale éclatait et allait bousculer et changer tout le cours du 20e siècle. Les raisons sociales et politiques de l’époque nourries de sentiments nationalistes ont été des déclencheurs et ont marqué le déroulement des événements tragiques du siècle dernier. Aujourd’hui, lorsqu’on observe la situation en Europe et ailleurs dans le monde, on constate une remontée de sentiments nationalistes martelant sur la fierté, la supériorité et dans plusieurs cas, le désir de créer des régions ou pays indépendants. On semble faire un retour vers le passé où des valeurs nationales et régionales veulent prendre le dessus sur les valeurs humaines universelles, alors que de nouvelles formes sociales doivent voir le jour. Dans notre pays, on n’est pas à l’abri de cette tendance. Vous vous souvenez peut-être comment en 2012, notre gouvernement mettait l’accent sur la victoire du Canada sur les États-Unis lors d’une bataille de 1812 pour mousser notre fierté et aux dernières élections au Québec, le Parti Québécois jouait sur des sentiments d’identité nationale d’un niveau assez simpliste.
La communauté spirituelle
le Dimanche 8 juin, j’assistais à la Fête de la Pentecôte de la branche Sofia (anglais et français) à Montréal qui, dans les deux langues, abordait cet événement des langues de feu décrit dans les Actes des Apôtres. Dans le cercle, chacun des participants apportait une contribution pour la compréhension de la fête de la Pentecôte. Nous avons ainsi évoqué cette image de langue universelle, toute humaine, au-delà d’une langue régionale, celle qui réunit tous les êtres sur la terre, cette langue hautement spirituelle qui réunit les êtres humains de toute tendance. En 1916, Rudolf Steiner disait par rapport au festival de la Pentecôte :
‘’Et pour ceux qui sont à la recherche du spirituel, cette fête de la Pentecôte a un sens et une profondeur particulière; c’est un appel continuel pour un renouveau de la quête spirituelle. À notre époque, il est nécessaire de prendre ces pensées à propos de cette fête avec un sens plus aigu qu’à d’autres époques… Car la façon que nous allons sortir des événements tragiques de notre temps va dépendre en grande partie de comment les êtres humains vont être capables de vivre ces pensées’’. (Cologne, 7 juin 1916)
Des questions au sein de la Société
En avril dernier, après l’assemblée générale au Goethéanum, je réalisais comment certaines questions fondamentales sont toujours présentes comme des défis auxquels la Société doit faire face.
J’en mentionne quelques-unes et les aborde brièvement avec des exemples :
- Comment protéger Rudolf Steiner et son œuvre?
- Quelle est notre attitude envers « l’autorité » dans la Société?
- Comment agir avec les mouvements antagonistes?
- Comment prend-on des décisions qui tiennent compte d’une représentation de tous les membres?
Avec la levée des droits d’auteurs, les œuvres de Rudolf Steiner peuvent être publiées par quiconque sans que la Rudolf Steiner Nachlass (maison qui possède toutes les oeuvres original à Dornach – à ne pas confondre ici avec le comité directeur qui n’a pas de juridiction dans ce domaine) puisse imposer son droit de regard. On le constate avec la publication récente de quelques ouvrages commentés par Christian Clement dans la prestigieuse maison d’édition (non-anthroposophique) Frommann-Holzboog en Allemagne. Les quelques ouvrages publiés avec commentaires soulèvent déjà beaucoup de réactions; d’après certains, on semble dénaturer complètement le travail de Rudolf Steiner.
Il y a malheureusement des critiques, pas toujours constructives, qui circulent quant aux décisions prises au Goethéanum . Le comité directeur ne veut pas opter pour un président de la Société, mais travaille avec le comité élargi (les secrétaires généraux des Pays-Bas, de l’Allemagne et la Suisse), les responsables des sections et fait appel deux fois par année à tous les secrétaires généraux pour consultation. C’est intéressant d’observer que le mot « autorité » réfère d’abord à la notion de soi (« auto »). Dans ce sens, les décisions prises doivent être rendues par consensus. Il reste que notre soutien au Goethéanum et aux décisions qui y sont prises est d’une importance primordiale.
Parfois des positions antagonistes doivent vivre côte à côte. Les récents débats autour des écrits de Judith Von Halle et les commentaires de Sergei Prokofief ont amené une polarisation de certains groupes. L’ère michaélique nous demande de faire preuve de plus en plus de responsabilité ainsi que de créer de nouvelles formes de collaboration qui ne soient pas issues de la tradition. Le Goethéanum a encore une fois prévu une journée de rencontre à l’intention des membres, soit le 8 novembre prochain afin d’aborder les sujets qui portent à controverses. Cette initiative est assurément louable, car elle favorise la rencontre entre les membres.
À la dernière assemblée de la Société à Dornach, j’étais frappé par le fait que la plupart des membres présents venaient des pays limitrophes alors que la prise de décision se faisait au nom de tous les membres. Nous avons le même défi au Canada, quand une assemblée se tient à un endroit donné et que les décisions sont votées et acceptées par une majorité de membres locaux.
Le thème de l’année
Le thème s’ajoute au thème de l’année précédente : Le « Je » se reconnaît à la lumière de l’affirmation michaélique du monde. Le «Je » ne peut se connaître qu’en rencontrant l’autre. Les relations karmiques qui sont identifiées apportent une dimension riche pour le travail en commun. Cette connaissance de soi peut devenir une source pour agir dans le monde. Un agir basé sur une compréhension éclairée des besoins de notre époque. En allemand, le mot Bejahung (affirmation) comprend le mot « Ja », le oui.
Dire oui au monde est une intention qui malgré tous les éléments négatifs que l’on observe : pollution, violences, inégalités sociales, etc. appelle une action qui sort des sentiers battus, qui innove et favorise un espoir pour le monde de demain. On peut le faire au réveil du matin en ayant cette pensée affirmative que notre travail intérieur peut être un soutien à nos actions. L’affirmation michaélique doit nous inciter à spiritualiser nos actions.
Bon été à tous,
Arie van Ameringen
Secrétaire général
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