23 Nov Se connaître : notre communauté de membres
Dans cette rubrique mensuelle, des membres de notre Société se présenteront dans leurs propres mots.
Sarnia Guiton – Nairobi, Kenya
Il y a longtemps, fort longtemps, j’ai fait la connaissance d’une collègue à l’école des infirmières de Londres. Son expérience scolaire avait été très différente de la mienne. Ce qu’elle racontait sur ses années à l’école me fascinait; c’était la première fois que j’entendais parler de la pédagogie Waldorf. Or, 21 ans plus tard, mariée et mère de famille habitant au Canada, une chose est devenue claire pour moi : il fallait absolument que je suive une formation pour devenir professeure Waldorf. Pourtant, je ne pouvais pas abandonner ma famille pour aller me former à Détroit ou à Sacramento. Je ne voulais pas non plus perdre mon temps à étudier l’anthroposophie – cela servait à quoi, l’anthroposophie ? Werner Glas a vite fait de me convaincre que je me trompais là-dessus, et m’a confirmé que la formation par correspondance n’était pas non plus une option viable. Au bout de quelques années, mes circonstances familiales avaient changé. Par bonheur, j’ai reçu de l’aide financière et ai pu suivre ma formation au Rudolf Steiner College en 1985 et m’installer à Sacramento avec mes deux filles, qui pouvaient alors fréquenter l’école Waldorf de Sacramento.
Ayant été élevée dans un milieu quaker et ayant fréquenté des voisins dont la fille avait intégré les Moonies, j’étais constamment sur mes gardes. C’était quoi, cette anthroposophie ? Une espèce de culte ? Et pourtant, tout ce que j’apprenais sur l’anthroposophie sonnait vrai. Je trouvais tout cela fascinant, mais qui plus est, son contenu semblait confirmer et expliquer ma propre pensée et la manière dont je voulais élever mes enfants. Ma curiosité a été piquée par rapport à la Communauté des chrétiens, et, à ma grande surprise, je me suis mise à y assister régulièrement. L’année de formation pédagogique a eu l’effet de concrétiser ce que j’avais vécu durant le cours d’introduction à l’anthroposophie, et je suis devenue membre de la Société anthroposophique.
Lorsque je suis revenue m’installer au Canada, je suis allée, zélée et pleine d’enthousiasme, travailler au sein de la petite école Waldorf que j’avais fondée dans un hameau situé dans une région montagneuse de la Colombie-Britannique. L’anthroposophie était inconnue dans cette région sauvage. Même si je voulais devenir membre de l’École de Science de l’esprit, la distance qu’il aurait fallu parcourir pour me rendre à Vancouver rendait la chose impraticable. J’ai passé 7 ans dans cette région sauvage où j’ai enseigné dans des écoles Waldorf dont l’existence était pour la plupart assez précaire.
La vie m’a ensuite ramenée au Rudolf Steiner College, m’a apporté un nouveau mariage, un nouveau poste de professeur, une chirurgie assez grave, une collaboration avec Denis Klocec dans son programme d’études goethéennes, et plus tard, un poste d’administratrice au sein de la faculté de pédagogie du collège. Il m’était alors possible de devenir membre de la Première Classe, de réintégrer la Communauté des chrétiens, et de participer à la Faust Branch. 14 ans plus tard, je me trouvais devant un dilemme en tant que Canadienne vivant aux États-Unis; la situation devenait intenable. Alors, la réponse est venue vers moi : on m’a offert l’occasion de faire partie de l’équipe de l’administration du West Coast Institute for Studies in Anthroposophy, en Colombie-Britannique. La question semblait donc se résoudre d’elle-même.
Or, ces 14 années passées aux États-Unis se sont avérées riches et gratifiantes. De retour en Colombie-Britannique, je pouvais dorénavant assister aux rencontres de la Première Classe et de la Communauté des chrétiens, même si cela exigeait que je fasse la navette en traversier, un trajet long et assez coûteux. J’ai travaillé comme professeure à temps partiel, j’ai siégé comme présidente du conseil d’administration de l’école Waldorf de la région, et j’ai participé également au petit groupe d’études.
Je constate maintenant qu’au cours des dernières années, l’anthroposophie s’est transformée pour moi. Par moments, je m’y plonge intensément. À d’autres moments, je la laisse dormir. Je me suis récemment installé au Kenya où je me suis liée de manière informelle à l’école Waldorf Mbagathi, « l’école-mère » de l’Afrique orientale, et je suis très consciente qu’il n’y a ici ni branche de la Société anthroposophique, ni Première Classe, ni Communauté des chrétiens. J’ai donc davantage de temps pour étudier, et pourtant, l’envie me manque; mais cela pourrait changer.
À présent, je récolte les fruits de l’anthroposophie et tente de la vivre. La vie elle-même dirigera mes prochains pas, comme elle l’a toujours fait.
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