23 Nov Se connaître : notre communauté de membres
Dans cette rubrique mensuelle, des membres de notre Société se présenteront dans leurs propres mots.
Kaitlin Brown – Blockhouse, Nouvelle-Écosse
C’est à l’âge de 19 ans que j’ai connu l’anthroposophie pour la première fois. À cette époque, je m’étais engagée comme bénévole dans une modeste initiative Waldorf en Afrique du Sud, l’école Sisonke du village de Port St John dans la région de Transkei. Les premières conférences de Rudolf Steiner que j’ai connues étaient celles qui portaient sur la question de l’agriculture. Jeune femme de 19 ans, j’avais été élevée dans le nord de l’Alberta au sein d’une famille conventionnelle et non croyante. Et puis, j’ai eu une prise de conscience fulgurante : en tant qu’être humain, je faisais partie de la nature, que la nature n’était pas quelque chose d’étranger. Et à partir de ce moment, j’ai commencé à consacrer ma vie à la cause naturaliste et à acquérir les compétences nécessaires pour vivre de manière autonome. J’ai fait le tour de nombreuses fermes, accumulant des connaissances et des aptitudes dans de multiples domaines : le jardinage biologique, l’élevage d’animaux selon la biodynamie, les teintures naturelles, la fabrication de mes propres vêtements, la construction naturelle de maisons, et l’herboristerie, entre autres. En 2009, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et ai donné naissance à mon premier enfant en décembre 2009. Avec cet événement béni, je me suis mise à approfondir le phénomène de l’incarnation de l’être humain. J’ai lu et relu L’Éducation de l’enfant et beaucoup d’autres ouvrages de Rudolf Steiner traitant de l’incarnation et de la pédagogie. C’est en 2011 que j’ai visité pour la première fois une école Waldorf – à Durban, en Afrique du Sud. Je me rappelle nettement l’impression que cette visite a fait naître en moi. Alors que les écoles conventionnelles en Afrique du Sud étaient des édifices en ciment, tout entourés de clôtures électriques, avec des barreaux devant les fenêtres, cette école-ci ressemblait en mon esprit plutôt à des enclos pour petits lapins situés au milieu d’un paysage de douces collines. Et à contempler ce spectacle pour la première fois, j’ai décidé sur-le-champ que je voulais devenir professeur de jardin d’enfants Waldorf.
Ensuite, tout en continuant d’approfondir l’anthroposophie avec mon mari, j’ai vécu de multiples expériences : la famille allait en s’agrandissant; je me suis impliquée auprès de plusieurs écoles en Afrique du Sud; je suis revenue m’installer au Canada; j’ai fondé un petit commerce de fabrication de chocolat cru; en tant que famille, nous avons fait un voyage en Inde; j’ai mis sur pied un jardin de légumes maraîchers biologiques; j’ai ouvert mon propre programme de soins à domicile d’inspiration Waldorf; et bien d’autres choses aussi. Au cours de ces « années de volonté », tous mes rêves se réalisaient avec une très grande rapidité. Mais alors, mon mari est décédé suite à une crise d’asthme aiguë. J’avais mis beaucoup de temps et d’énergie à comprendre les processus de l’incarnation et du développement du petit enfant, mais je ne m’étais pas du tout penchée sur la question de la vie après la mort. J’ai reçu une aide inestimable de la part d’un mentor attentionné qui m’a fourni des documents sur le phénomène de la mort et de la trajectoire de l’âme du point de vue de l’anthroposophie, ce qui m’a apporté clarté et réconfort. Pourtant, durant toutes ces années, alors que je menais une existence pleine de joie et de beauté, autant du point de vue professionnel que dans ma vie familiale, il n’y avait pas d’autres anthroposophes dans mon entourage, et je sentais qu’il était important de pouvoir faire partie d’une communauté spirituelle.
J’ai passé donc les quelques années qui ont suivi à préserver pour mes enfants et pour moi-même un espace sacré, tout en voyageant entre l’Afrique du Sud et le Canada. Je ne voulais absolument pas renoncer aux valeurs que je considère comme étant précieuses pour les jeunes enfants. En 2017, grâce à l’aide de beaucoup d’anges, et d’anges terrestres aussi, j’ai pu suivre une formation Waldorf en pédagogie de la petite enfance offerte par le West Coast Institute, sur l’île de Vancouver. J’ai vécu ce que je considère comme un important moment karmique lorsqu’à deux occasions différentes j’ai entendu des conférenciers parler de l’importance de la présence de l’autre dans nos vies. « L’être humain ne peut plus se développer pleinement tout seul. On a besoin de l’autre. En somme, il est relativement facile d’être un saint lorsqu’on vit tout seul dans l’Himalaya, mais beaucoup plus difficile de l’être quand on vit avec ses beaux-parents ! » Une fois ma formation terminée, j’ai pris la décision ferme de surmonter ma tendance à vivre en ermite et de partager avec le monde autour de moi la chaleur et l’amour que je vivais avec mes propres enfants. C’est en 2018 que j’ai décidé d’aller m’installer sur la côte Est. En effet, pendant ma jeunesse passée dans le nord de l’Alberta, j’avais connu beaucoup d’individus originaires de la côte Est qui disaient qu’ils n’étaient venus en Alberta que pour gagner de l’argent avant de réintégrer leur terre d’origine; ils avaient hâte de rentrer chez eux. J’en ai déduit que la côte Est était certainement un endroit merveilleux. Alors, m’installant définitivement au Canada, j’ai ramassé mes trois enfants et nos effets personnels les plus précieux pour traverser le pays entier en camping. Sur la côte Est se trouvent deux écoles Waldorf. Nous avons passé une année avec la Knowlesville Art and Nature School, un petit établissement rural au Nouveau-Brunswick exploité conjointement avec une fiducie foncière. Mais, encore une fois, j’ai compris qu’il était important pour moi d’être entourée d’une communauté anthroposophique. Au mois de mars de 2019, j’ai accepté le poste d’enseignante principale au jardin d’enfants de la South Shore Waldorf School située à Blockhouse en Nouvelle-Écosse, poste que j’occupe toujours. L’expérience de professeure Waldorf m’a fait grandir. Les petits élèves de mon Jardin d’enfants me sont très chers, je les considère comme des anges. Ces enfants sont entourés d’amour et de chaleur. Nous partageons un amour profond dans lequel leur être est nourri et accueilli. Je suis devenue membre de la Société anthroposophique encouragée par Micah Edelstein, membre du conseil de la Société, qui, en 2018, a construit avec grand dévouement la nouvelle annexe de notre école. En 2021, on m’a demandé d’accepter de siéger au conseil, et j’ai été choisie pour faire partie du conseil en 2021. J’assume cette tâche avec tout mon être, comme un acte entièrement libre. J’espère pouvoir soutenir la Société et ses membres au mieux de mes capacités. Je choisis d’agir au nom de la vérité et de la bonté et j’ai un grand intérêt à créer des liens unificateurs entre les générations. J’ai 33 ans, et j’espère que j’aurai l’occasion de connaître beaucoup d’entre vous au cours des prochaines années.
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