19 Fév Se connaître : notre communauté de membres – Nina Wallace-Ockenden – Mexico
Entrevue accordée à Megan Collins, 31 décembre 2021
En parlant avec Nina, on découvre, chose assez étonnante, qu’elle est réellement née anthroposophe ! Elle a vu le jour à Hambourg, en Allemagne, née d’une mère anglaise et d’un père allemand. Sa mère était anthroposophe, mais Nina a l’impression que c’est elle-même, la fille, qui a en quelque sorte « ramené » sa mère à l’anthroposophie. La mère avait lu le volume Karma et réincarnation peu de temps avant la naissance de Nina. Celle-ci raconte que pendant ses jeunes années, elle avait conscience d’avoir connu des incarnations antérieures, ses propres vies et celles d’autres personnes autour d’elle.
On pourrait dire que c’est à l’âge de sept ans qu’elle a rencontré l’anthroposophie de manière formelle. C’était à Hambourg. Elle a accompagné sa mère lors d’une visite à une vieille dame. Cette dame habitait un petit appartement situé au-dessus de la Maison Steiner, qui possédait une salle de théâtre (un immeuble acheté par la Société anthroposophique dans les années 1920). L’hôtesse, les regardant du haut de l’escalier, leur a fait signe de monter. Elle avait les cheveux blancs et le dos courbé, et Nina trouvait qu’elle avait l’air d’une « sorcière. » Mais en pénétrant dans le salon, tout a changé. La pièce paraissait être, aux yeux de la jeune fille, un pays enchanté rempli de trésors, avec des ‘cavernes’ d’améthystes. Du coup, la « sorcière » s’est transformée en « ange. » La dame a demandé pourquoi Nina ne fréquentait pas l’école Waldorf du quartier. En effet, cela faisait un moment que la petite était inscrite sur la liste d’attente. Or, il a suffi d’un coup de téléphone de la part de la dame pour qu’on trouve une place pour Nina à l’école !
À l’âge de treize ans, Nina s’est sentie interpellée par les livres qu’elle voyait sur les tablettes de la bibliothèque de sa mère. Le titre qui l’intriguait par-dessus tout était Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs, ou l’Initiation. C’est donc par là qu’elle a commencé, et puis, à l’âge de quatorze ans, c’était Le Karma, qu’elle a choisi à cause de son titre « sensationnaliste. » À l’âge de seize ans, elle est devenue membre de la Société anthroposophique, et a reçu une lettre du Secrétaire général la félicitant d’être le plus jeune membre au monde. Pourquoi avait-elle décidé d’y adhérer à ce moment-là de sa vie ? Elle avait trouvé parmi les effets personnels de sa mère un document (c’était peut-être dans un bulletin pour les membres) expliquant que lorsque Rudolf Steiner avait fondé la nouvelle Société, il se faisait alors un devoir de signer personnellement chaque carte de membre, voulant par-là exprimer son lien karmique avec chaque membre individuel. Nina a décidé alors qu’elle voulait affirmer son propre lien karmique avec Rudolf Steiner.
Je lui ai alors demandé si, en tant qu’adolescente, elle avait eu l’impression d’être seule, étant donné que ses camarades, comme la plupart des adolescents, ne s’intéressaient qu’aux activités des jeunes de leur âge (les vedettes de la musique pop et du cinéma…). D’une certaine manière, oui, m’a-t-elle répondu, étant donné que quand elle a décidé de se joindre à un groupe d’étude à l’âge de 16 ans, les autres membres du cercle avaient au-delà de soixante ans. Mais, elle a affirmé qu’elle ne s’est jamais sentie seule « spirituellement. »
La famille de Nina a fini par s’installer à Botton Village, une communauté Camphill située au Royaume-Uni. Encore adolescente, Nina est devenue professeure de classe et, au fil des années, mère de quatre enfants. Dans la trentaine, elle a suivi sa formation d’eurythmiste, après avoir vécu une maladie nécessitant un processus de guérison assez éprouvant. Ayant travaillé comme professeure, dans les deux domaines, au Canada (et pendant quelques années en Afrique du Sud), et ayant tenu le rôle de mentor à distance pour les cours d’introduction à l’anthroposophie offerts par le Rudolf Steiner College de Toronto (une tâche qu’elle continue à exercer), Nina est devenue professeure fondatrice d’Auriel Eurythmy au Canada, où elle a amené un petit groupe d’adultes (élèves à temps partiel) jusqu’à une cérémonie informelle de fin de cours en 2018. À cette époque, elle avait déjà établi des liens avec le Mexique, où on l’avait invitée une première fois à donner des formations en 2013, et où on a inauguré des cours sous forme de modules, un programme qui s’est maintenant transformé en une formation à temps plein donnée principalement à Mexico et impliquant des collègues-professeurs de plusieurs pays. À l’été 2022, Auriel Eurythmy (Mexique), qui est maintenant reconnu officiellement par le Goethéanum, aura formé une classe de treize finissants, dont deux Canadiens. Il y a aussi des élèves enthousiastes et engagés inscrits aux groupes de première, deuxième, et troisième années de formation.
En tant qu’ancienne élève de Nina, je lui ai posé des questions sur ce qu’elle voit comme étant sa principale tâche. Elle a répondu qu’elle voudrait faire en sorte que l’eurythmie soit reconnue comme faisant partie intégrante de la culture contemporaine, et que dans ce but, il fallait former des eurythmistes qui soient à la fois d’excellents artistes et d’excellents professeurs. Me faisant alors l’avocat du diable, j’ai pensé tout haut : « Mais pourquoi est-ce si important ? » Nina a raconté, pour me répondre, une anecdote : une fois, pendant que Rudolf Steiner donnait une série de conférences au Goethéanum, on offrait des présentations d’eurythmie chaque jour avant le début de la conférence. On s’est rendu compte que très peu de gens venaient assister aux représentations d’eurythmie, et que beaucoup de gens arrivaient ensuite pour entendre les conférences. Or, Rudolf Steiner a demandé aux gardiens de sécurité de fermer les portes à clé dès que les représentations d’eurythmie commençaient, et de ne pas les rouvrir avant la fin de la conférence. Il a ensuite fait une remarque dans ce sens que, de toute façon, ceux qui n’appréciaient pas l’eurythmie ne comprendraient pas l’anthroposophie.
Nina a indiqué qu’elle s’est toujours sentie liée au courant manichéen, dans lequel l’art et la spiritualité sont intégrés de manière harmonieuse. Selon elle, lorsqu’on travaille avec l’eurythmie, il est impossible de concevoir que l’un puisse exister sans l’autre.
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