Se connaître : notre communauté de membres  « Vous n’allez pas là pour jaser ! Commencez par présenter un projet solide. » Ingrid Belenson, Thornhill, ON

Se connaître : notre communauté de membres  « Vous n’allez pas là pour jaser ! Commencez par présenter un projet solide. » Ingrid Belenson, Thornhill, ON

Ingrid a grandi à Berlin. Son chemin vers l’anthroposophie a commencé lorsqu’elle était enceinte de son premier enfant. Elle a fait un rêve tout à fait incompréhensible. En le décrivant à une amie, qui était anthroposophe, l’amie était formelle : « Ce que tu as vu dans ton rêve, c’est le Goethéanum ». Et Ingrid de répondre : « Le Goethéanum ? C’est quoi, ça ?  À partir de ce moment-là, j’étais ‘ accro’ ! »

En tant que jeune mère, ses intérêts anthroposophiques étaient dirigés surtout vers la petite enfance et la médecine pédiatrique. Une conférence donnée à Berlin par le docteur Klaus Peterson, médecin anthroposophique, lui a donné le goût d’explorer l’œuvre de Rudolf Steiner plus en détail. À l’époque, le Dr Peterson, qui avait connu Rudolf Steiner personnellement, avait l’habitude de réunir chez lui des jeunes gens pour leur faire connaître l’anthroposophie. Ingrid s’est jointe au groupe avec son mari Mel. Ces rencontres les ont profondément touchés, surtout en ce qui concernait la question que le médecin posait à chacun des participants : « À partir de ce que vous avez appris, qu’est-ce que vous allez faire pour le monde ? » 

Ingrid et Mel avaient déjà obtenu une place pour leur fils à l’école Waldorf de Berlin, mais avant qu’il ait atteint l’âge scolaire, la famille est allée vivre en Californie. Ingrid a continué à étudier l’anthroposophie et s’est impliquée dans la Communauté des chrétiens. Elle décrit ainsi sa première expérience de l’Acte de consécration de l’homme : « Dès que le prêtre est entré dans la salle, j’ai su que j’étais chez moi. » Pendant ce temps, son mari suivait sa formation de professeur Waldorf, et en 1974, le couple a déménagé à Toronto, où Mel a assumé le poste d’enseignant de première année. Quand leurs deux enfants étaient un peu plus vieux, Ingrid a commencé à travailler comme comptable à la Toronto Waldorf School. 

Lors de sa première année à Toronto, Ingrid a voulu assister à une conférence donnée par Henry Barnes – une conférence réservée aux membres de la Société anthroposophique. Comme elle n’était pas encore membre, elle a demandé à Henry Barnes la permission d’entendre sa causerie. Il a acquiescé avec joie. Lorsqu’il est revenu à Toronto plus tard, Henry Barnes se rappelait la jeune femme et lui a demandé si elle était devenue membre. Quand Ingrid a répondu timidement qu’elle ne se sentait pas prête, qu’elle n’avait pas assez lu d’ouvrages anthroposophiques, il a ri et lui a répondu qu’elle ne devait pas s’en faire pour autant, qu’elle avait déjà lu plus que beaucoup de membres. Ingrid est devenue membre peu de temps après, et au début des années 80, on l’a invitée à faire partie du conseil de la Société. Elle a également servi comme trésorière de la Société anthroposophique au Canada pendant plusieurs années. « Mes années comme membre du conseil m’ont beaucoup appris », dit-elle. Les nombreux voyages effectués pendant ses 10 ans au conseil lui ont permis de constater comment l’anthroposophie vit dans les différentes régions du Canada.

Mais Ingrid a décidé d’aller encore plus loin. Lors d’un congrès pour les membres de la Première Classe tenu en 1997 à Ann Arbor, elle a fait la connaissance de Rolf Kerler, un des membres fondateurs de la banque coopérative allemande GLS. Rolf l’a invitée à se rendre en Allemagne où elle a pu visiter des initiatives et organisations anthroposophiques. « J’ai été étonnée. Il y avait des initiatives partout au pays – projets d’habitation, agriculture, initiatives pédagogiques, services aux aînés …. Et j’ai compris que, quelle que soit l’initiative, il y avait toujours un besoin d’argent. » En Allemagne, la banque coopérative GLS offrait des prêts à faible intérêt pour les initiatives anthroposophiques. À l’époque, il n’existait rien de tel au Canada. Rolf Kerler a donc renvoyé Ingrid au Canada avec une mission : « Vous n’allez pas là pour jaser ! Commencez par présenter un projet concret ! »

De retour au Canada, Ingrid s’est rendue à Ottawa pour s’entretenir avec un ami de longue date, Chris Heintz. Ils ont rédigé ensemble un projet de règlement pour la Fondation Vidar, qu’ils ont enregistrée auprès d’Industrie Canada comme société à but non lucratif. Ingrid a déniché les premiers prêteurs. Même avant l’incorporation de la Fondation en 2001, elle avait trouvé des collaborateurs parmi son cercle de connaissances, des anthroposophes pour la plupart. Elle précise : « Notre travail était fondé uniquement dans un esprit de confiance. On est tout simplement allés de l’avant ».  Le projet pilote de la Fondation Vidar a été l’agrandissement de l’école Waldorf d’Ottawa, achevé en 2000, et qui a permis une augmentation du nombre d’inscriptions. L’École Waldorf de Toronto a été un des prêteurs, ce qui représente un excellent exemple de comment les institutions anthroposophiques peuvent s’entraider. 

C’est lorsque Reinhard Rosch s’est joint à l’équipe de la jeune entreprise qu’on a entamé les démarches pour devenir un organisme à but non lucratif – statut qui lui a été accordé en 2003.

Au cours des années, Vidar a appuyé beaucoup d’initiatives, dont la South Shore Waldorf School (N-É), l’école Waldorf Halton (ON), la boutique de jouets La Grande Ourse (Montréal), ainsi que la Communauté des chrétiens de Vancouver. Des projets plus récents en Colombie-Britannique comprennent le centre de la petite enfance Okanagan et la Lakeside School Kelowna. Vidar continue à travailler activement avec la South Shore Waldorf School et le programme de formation de professeurs Waldorf en collaboration avec le Rudolf Steiner College Canada, le West Coast Institute for Anthroposophical Studies, et l’Institut Rudolf Steiner au Québec. 

Cette fondation, qui a fait ses premiers pas comme une petite initiative privée, atteint à présent un montant de près de 2 000 000$ en investissements. Mais Ingrid et les trois autres membres du CA n’ont pas l’intention d’en rester là. « Nous avons besoin de continuer à développer la Fondation », dit-elle. « Personne ne parle d’argent, mais on en a besoin partout ! »

Entrevue accordée à Corinna Sons

https://www.vidarfoundation.org/

 

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