Agata Nardelli : 11 septembre 1929 – 1er août 2017

Agata Nardelli : 11 septembre 1929 – 1er août 2017

Agata OrrAgata Nardelli est venue au monde le 11 septembre 1929 à Montréal et a traversé le seuil le 1er août 2017 à Unionville. Elle s’interrogeait constamment sur la nature de Dieu et de l’être humain, et cette recherche incessante a fait que sa vie a été remplie de hauts et de bas. Enfant aînée d’immigrants italiens, sa première langue était l’italien. Puis, à l’école et avec ses amis, elle a appris à parler français. À l’âge de 15 ans, on l’a inscrite à l’école anglaise, où, ne trouvant pas de place dans l’année qui correspondait à son âge, elle a dû redoubler une année. Elle a donc quitté l’école à l’âge de 16 ans après sa 10e année, alors que son frère cadet, lui, a pu terminer son secondaire.

Agata a travaillé comme mannequin, et a même gagné un concours de beauté comme « Miss Italian-Canadian ». Mais y avait-il caché sous cette recherche de la vanité une quête plus profonde, un désir d’agrémenter son corps comme étant le temple de son âme? Nous pouvons nous interroger à ce sujet en lisant un de ses versets préférés, tiré du recueil « Meditative Prayers for Today » d’Adam Bittleston :

« Upon the temple of our body/ Worked through the ages/ The servants of God,/

Mighty spiritual creators.

This is now my dwelling:

But it is darkened/ By the power of tempters/ To whom my soul has listened.

The bones which sustain/ The form which God gave,/ Be hallowed by Thee. »

 

« Sur le temple du corps/Ont travaillé pendant les siècles/Les serviteurs de Dieu,

Grands créateurs spirituels.

Ce corps est maintenant ma demeure :

Mais il est assombri/Par la force des Tentateurs/À qui mon âme a prêté l’oreille.

Le squelette qui soutient/La forme octroyée par Dieu, /Qu’il soit sanctifié par Toi. »

 

De sa propre main, Agata a rayé le dernier vers pour le remplacer par :

« Qu’il soit sanctifié et rétabli/Et guéri par Toi. »

Déjà à l’adolescence, Agata s’occupait intensément de son apparence physique. Elle se maquillait, portait des vêtements de griffe et se coiffait de manière élégante. Cela lui a valu de réussir dans le monde des affaires, où elle a travaillé comme cadre pour la maison Bell. Elle faisait attention à son choix vestimentaire pour plaire à son mari, John Orr.

Agata était attirée par les questions religieuses. Après avoir connu quelques problèmes dans ses cours de catéchèse à l’école catholique, elle a cherché une justification et de la compréhension au sein d’un groupe d’études martiniste au Québec, où elle a participé avec son mari. Il s’agissait de chercher à approfondir les fondements religieux du courant judéo-chrétien.

Elle s’est ensuite mise à suivre les enseignements d’un gourou indien, à tel point qu’elle et John ont vendu tous leurs biens pour suivre ce gourou jusqu’à un ashram aux Indes. Mais cela n’était pas non plus en fin de compte le bon chemin pour eux.

 

De retour au Canada, humbles en ce qui concernait les biens matériels, mais nullement abattus en ce qui concernait leur goût pour la vie, ils ont acheté une caravane pour pouvoir courir le monde librement, tels des gitans. Lorsqu’une fois leur VR est tombé en panne en banlieue de Las Vegas, Agata a confié à John tout ce qui restait de leurs économies pour qu’il aille jouer au casino. Elle avait confiance que la chance lui sourirait, et – ça a marché!

« Unto the sorrowing heart of Mary Magdalene Thou camest…

Unto the questioning head of Thomas Didymus Thou camest…

Unto the faltering will of Simon Peter Thou camest…

And so Thou comest to our sorrowing heart…

And so Thou comest to our questioning head…

And so Thou comest to our faltering will…

Calling us from our graves to work with Thee. »

 

« Dans le cœur affligé de Marie Madeleine, Tu es venu…

Dans l’esprit inquiet de Thomas Didyme, Tu es venu…

Dans la volonté chancelante de Simon Pierre, Tu es venu…

Et ainsi viens-Tu dans notre cœur affligé…

Et ainsi viens-Tu dans notre esprit inquiet…

Et ainsi viens-Tu dans notre volonté chancelante…

Nous appelant dans nos tombes à œuvrer avec Toi. »

 

Agata a été désespérée lorsque John a subi un grave ACV peu de temps après avoir pris sa retraite. Maintenant, au lieu de vadrouiller partout et passer leurs hivers dans le sud, leur vie se limitait à l’hôpital de Sunnybrook et à un petit appartement dans les habitations pour anciens combattants à Willowdale. Agata trouvait du réconfort dans la vie du Christ qu’elle avait connue durant son enfance. Elle ressentait que son âme trouvait son écho dans l’âme de Marie Madeleine, dans celle de Thomas « l’incrédule » et dans celle de Simon Pierre, celui dont le Christ a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église », mais qui en fin de compte n’a pas pu soutenir sa foi.

 

Agata souhaitait avoir des enfants, mais deux grossesses extra-utérines ont rendu la chose impossible. Un verset pour la Pentecôte d’Adam Bittelston lui a donné l’inspiration d’élever cette volonté d’être mère à un autre niveau :

 

« Thou mothering earth/ Hast received the live seed

Into the dark/ Good shelter of soil.

The mantle of night/ Thrown wide over us,

And the sun as it goes/ Its swift and short journey,

Speak to our hearts/ In warning and promise.

Thou Earth hast borne up/ The footsteps of Mary

Journeying patiently/ Southwards to Bethlehem;

And the Earth bears us/ Today in our travail,

That we may bring forth/ Christ in our spirit.

So we may await Him/ Sent by the Father,

Healer and bringer/ Into our being

Of love without fail.

 

 

« Toi, terre nourricière/Tu as reçu la graine vivante

Dans le sombre/Bienfaisant abri du sol.

Le manteau de nuit/Venu nous couvrir,

Et le soleil qui passe/Sur son trajet court et rapide,

Parlent à nos cœurs/À la fois avertissement et promesse.

Toi, ô Terre, Tu as soutenu/Les pas de Marie

Voyageant patiemment/Vers le sud, vers Bethléem;

Et la Terre nous porte/Aujourd’hui dans notre douleur,

Pour que nous fassions apparaître/Le Christ dans notre esprit.

Pour que nous puissions l’attendre/L’envoyé du Père,

Le Guérisseur/Porteur dans notre être

D’un amour inépuisable.

 

Agata avait un grand respect pour l’autorité, sentiment inspiré en elle par son père qui était pour elle un roc inébranlable sur lequel elle pouvait fonder ses propres valeurs. Et elle a vécu l’amour fidèle et durable auprès de son mari. John savait très bien que l’impatience de sa femme pouvait avoir tendance à refouler la force de l’espoir, et il a fait faire des plaques d’immatriculation spéciales pour sa voiture qui portait les lettres : « lilwhile » – voulant dire « a little while » (tu me verras sous peu). Et si cela témoignait de la force de leur lien karmique, cela fournissait peut-être également une réponse à la recherche perpétuelle d’Agata visant une expérience du monde divin.

Rev Susan Locey

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