MOT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL De la Société mondiale – Une direction en évolution

MOT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL De la Société mondiale – Une direction en évolution

Chers membres et amis de la Société anthroposophique au Canada

Durant l’année dernière, un groupe de 20 à 25 jeunes de Dornach s’est penché sur une étude approfondie du Congrès de Noël. Pour presque tous ces jeunes, nouveaux membres, l’assemblée générale annuelle de 2018 a été leur première AGA. Et pour eux, comme pour beaucoup de membres partout dans le monde, les événements qui se sont produits durant cette assemblée ont été difficiles à comprendre ou à intégrer dans notre expérience personnelle de ce que l’anthroposophie signifie pour nos vies individuelles. Et c’est à partir de cette lutte pour comprendre que ces jeunes ont entrepris cette étude. Lors d’une récente rencontre des Secrétaires généraux, ce groupe de jeunes a demandé la permission de nous rencontrer, car ils se voient comme étant des représentants reliant des membres de partout dans le monde avec le centre au Goethéanum.

Nous nous sommes rencontrés en début de soirée dans la grande salle de réunion située directement sous l’espace où se tient le Représentant de l’humanité. Une lumière bleutée délicate pénétrait la salle de rencontre à mesure que nous nous sommes disposés dans un grand cercle – les Secrétaires généraux venant des quatre coins du globe et ce cercle de jeunes membres vivant ici au centre de cette société mondiale.

Ils voulaient partager avec nous plusieurs questions qui les préoccupaient. La première, et peut-être la plus importante, étant : « Que signifie une direction ésotérique? » Cette question a eu un effet immédiat, et elle continue à exercer son influence. Telle une semence, elle apporte une perspective qui revigore, un regard attentif sur ce que signifie la notion de « direction » dans notre situation actuelle.

Tournant notre regard vers le Congrès de Noël, on perçoit qu’il y a eu un changement d’ambiance lorsque Rudolf Steiner a présenté un nouveau statut qui n’avait pas été préalablement inclus dans la procédure : le statut qui établissait le comité directeur de la nouvelle Société – le « Vorstand ». En contemplant ce moment du Congrès de Noël, certains éléments nous apparaissent comme essentiels. L’élément le plus frappant, c’est que Rudolf Steiner propose cet organe directeur comme un ensemble, et non pas comme un groupe constitué d’individus à être confirmés chacun à son tour. Et, modifiant la façon dont il demande à ceux qui sont présents de considérer ce comité directeur, il demande que l’on confirme le groupe comme formant un tout. Il a rendu clair également le fait qu’aucune discussion ni aucun vote n’était convenable par rapport à ce statut. Il a demandé la confirmation d’un cercle, et il est important de noter qu’il demandait que les membres « reconnaissent » ce cercle, et qu’il ne soit pas « élu ».

En nous laissant pénétrer par ce sentiment, nous pouvons sentir que nous arrivons à une sorte de seuil de l’âme, un seuil qui a rapport, en un certain sens, avec notre lien personnel avec l’anthroposophie. Bien que nous soyons, en tant que membres, sollicités à répondre à des événements dans le monde qui nous entoure, notre regard est en même temps tourné vers nous-mêmes. En essayant de cerner ce geste de « nous adresser à nous-mêmes », on pourrait le caractériser comme étant une volonté d’aller au-delà de nos propres perspectives individuelles, de reconnaître qu’à un niveau bien plus profond, ce groupe porte en lui quelque chose de plus que la somme de ce qu’apportent tous ses membres. En tant que membres, nous sommes appelés à nous demander si nous pouvons reconnaître la signification profonde de ce que veut dire « groupe ».

Cela apparaît contre la toile de fond de ce que décrivent les autres statuts : à savoir les attitudes qui conviennent pour le travail des « groupes de membres ». Ici aussi, on peut déceler quelque chose qui est indiqué, mais qui reste caché. Ces cercles de membres sont formés d’individus qui se reconnaissent les uns les autres. Leur existence même comme organe de la Société dépend de cette reconnaissance mutuelle, qu’elle soit fondée sur une proximité géographique ou sur un intérêt partagé pour un même sujet. Dans les deux cas, on peut pressentir l’action de processus cachés, le destin, le karma, qui font que certains individus se retrouvent ensemble. À la lumière de ces réflexions, on peut saisir pourquoi Rudolf Steiner a commencé à donner ses conférences sur les considérations ésotériques du karma peu de temps après le Congrès de Noël. Il a attiré l’attention des membres sur la réalité profonde qui agit à travers leur destin pour les guider vers les groupes où leur karma peut être harmonisé. Vu sous cet éclairage, on peut dire que la réalité cachée, la réalité ésotérique, de ces groupes agit à partir d’une région située au-delà du monde perceptible par les sens. Elle agit à partir de nos liens karmiques qui sont continuellement renouvelés grâce à notre étude commune, à notre travail commun, dans notre sommeil, et dans notre vie méditative commune. Pour tous les groupes qui reconnaissent qu’il y a derrière leur existence ce fondement occulte, il s’ouvre la possibilité que leur travail soit inspiré à partir d’une région qui se situe au-delà de ce que nous acceptons généralement comme réalité, c’est-à-dire le paradigme du monde perceptible par les sens.

Une image s’est développée au cours de l’année dernière – une image qui est née du travail de la direction au Goethéanum et le Comité directeur, et selon laquelle ces individus cherchent des cercles de collègues qu’ils « reconnaissent ». Une telle quête, qui demande une sensibilité aiguisée pour ressentir l’action de la destinée dans la formation de ces cercles en évolution, demande du temps, de la patience, et une délicate perception de quelque chose qui n’est pas toujours perceptible extérieurement.

Lors de notre propre AGA à Montréal, un pas important a été franchi, s’inspirant d’une impulsion analogue. Au cours de l’année, le conseil de la Société anthroposophique au Canada a vécu avec la question de comment aller de l’avant une fois terminé le mandat de 7 ans de Dorothy LeBaron, qui a accompli ses fonctions de présidente de façon exemplaire. Durant toute l’année, le conseil a porté cette question sans se précipiter pour arriver à une solution. Deux impulsions ont fait jour durant cette période de réflexion. La première, c’était de nous tourner vers le plus jeune des membres du conseil, Micah Edelstein, pour lui demander d’assumer cette tâche. La deuxième, c’était de nous engager en tant que Conseil à repenser la transformation de la notion de « direction » à partir des questions que Micah lui-même s’est posées lorsqu’il considérait notre demande. Il a demandé que nous réfléchissions sérieusement sur ce que signifie réellement le fait d’inviter un individu à assumer le rôle d’un « officier » de la Société. Pouvons-nous imaginer une façon de travailler qui favoriserait la création de cercles de collègues autour de chaque membre du Conseil, des cercles où l’on pourrait reconnaître l’action du destin et du karma? Il s’agit d’une demande de taille, et le Conseil s’est impliqué avec sérieux à explorer cette possibilité. Cette impulsion a été présentée durant l’assemblée générale et a été chaleureusement accueillie par les membres présents.

Bien que le Conseil s’y soit engagé de son propre gré, nous nourrissons l’espoir que de plus en plus, partout là où nous travaillons à partir de l’impulsion de l’anthroposophie, partout là où nos groupes se forment, que nous soyons toujours plus conscients qu’au centre de nos efforts se trouvent des impulsions transformatrices que nous apportons sur terre de notre existence prénatale et que nous partageons entre collègues. Posons-nous la question : devenons-nous tous des membres d’une « direction ésotérique » les uns pour les autres lorsque nous sommes capables de nous rencontrer dans cet esprit?

Je vous envoie mes pensées les plus chaleureuses,

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