RÉFLEXIONS SUR LA LECTURE DU LIVRE «LA VOIE DES MYSTÈRES»

RÉFLEXIONS SUR LA LECTURE DU LIVRE «LA VOIE DES MYSTÈRES»

Ma relation avec l’Anthroposophie s’intensifie grâce à l’impression intuitive que je ressens au contact d’un titre et de la présentation du livre lui-même. Il y a un an, je débutais comme préposé dans une librairie anthroposophique et j’ai découvert que le simple fait de feuilleter un ouvrage, de le replacer sur une tablette ou encore de le vendre à un client, faisait naître en moi l’impression de vivre un cadeau précieux. Les livres sont comme des êtres vivants et ont leur vie propre. Ils surgissent étonnamment au moment où vous en avez besoin. Vous les ouvrez «au hasard» et ils apportent presque toujours une réponse à la question que vous vous posiez. Pendant que j’étudiais la littérature à l’université, j’ai découvert comment chaque livre que je lisais me parlait, me transformait, m’ouvrait à de nouvelles perspectives et stimulait la force intérieure requise pour affronter les défis de l’expérience humaine. Ma foi dans la loi selon laquelle les livres nous apparaissent au moment opportun m’a conduit à vivre des découvertes et des révélations inestimables.

Il y a quelque temps, j’ai été intrigué par les livres sur Christian Rosenkreutz et le rosicrucianisme. Ce simple nom me semblait si mystérieux et intimidant qu’il me devint irrésistible de savoir de quoi il s’agissait. Alors que mon intérêt pour ces livres croissait, un jour je suis tombé sur une pile de livres parlant de rosicrucianisme. Parmi ceux-ci, je fus attiré par l’ouvrage de Christopher Bamford intitulé «The Secret Stream» de Rudolf Steiner, titre que l’on peut traduire librement par «La Voie des Mystères». La couverture m’apparut très familière. Je me souvenais d’avoir vu le tableau du «Cavalier polonais» de Rembrandt, exposé partout dans la communauté anthroposophique où j’ai grandi. Dernièrement, j’ai appris que les anthroposophes aimaient ce tableau, car il représente l’idéal de l’être humain maîtrisant ses désirs symbolisés par le cheval. De plus, Steiner avait souligné que le cavalier polonais était une image juste de Christian Rosenkreutz. L’un de mes amis a même attiré mon attention sur le fait qu’au loin sur la colline, on peut apercevoir un bâtiment ressemblant au Goetheanum.

Le chemin rosicrucien est une méthode d’initiation qui éveille les forces latentes à l’intérieur de l’être humain lesquelles lui permettent de devenir l’instrument d’éveil grâce auquel il accède à la connaissance du monde supérieur (p. 43). Plusieurs conférences du livre décrivent les étapes de développement de la formation rosicrucienne. Comme il le fit lors de nombreux cycles de conférences, Steiner a prononcé des conférences sur le même sujet à différents endroits. Chaque présentation fut l’occasion d’ajouter de nouveaux détails qui ne peuvent être passés sous silence, même si la structure globale semble à première vue répétitive. Chaque nouvelle conférence rappelait brièvement quelques éléments de la conférence précédente comme si je la revivais. Pour fortifier mon apprentissage, je me suis efforcé de résumer par une brève formulation chacune des étapes de la formation rosicrucienne.

Étudier – pour développer une pensée libérée de nos sens.

Imagination – être capable de percevoir en images, l’expression de l’âme chez une personne et l’esprit dans la nature.

Lire l’écriture occulte – comprendre que les signes et les symboles occultes sont l’expression des lois de la nature.

Préparation de la pierre philosophale – un ensemble d’instructions sur la respiration rythmique et les méditations pour comprendre le monde supérieur.

Correspondance entre le microcosme et le macrocosme – en méditant sur chacun de nos organes, nous pouvons saisir comment ils ont été formés par les forces spirituelles et les lois du macrocosme, par ex. les planètes, et comprendre ainsi l’évolution planétaire.

Fusionner avec le macrocosme – renforcer les forces de l’âme en fusionnant avec le macrocosme afin de développer une relation empathique avec toutes les choses et tous les êtres, et comprendre ainsi leur nature essentielle

Béatitude – devenir l’instrument de la manifestation du monde spirituel grâce aux  sentiments et aux impressions suscités chez les autres.

Les sept étapes de cette formation sont accessibles à tout être humain déterminé à rechercher des connaissances des mondes supérieurs. À maintes occasions Steiner affirme que la voie rosicrucienne est la plus appropriée pour l’être humain moderne vivant à l’ère de l’âme de conscience.

En tant que néophyte engagé dans l’anthroposophie et en tant qu’adepte de cette  pratique spirituelle, j’ai trouvé que ces sept étapes forment un cadre compact et descriptif convenant à un travail quotidien de développement intérieur. Par exemple, lire une conférence de Steiner est une forme d’étude qui développe la clarté de notre pensée. Lorsque nous percevons les signes distinctifs subtils chez nos semblables ou encore ceux existant dans les changements de saisons, nous activons notre imagination afin de percevoir la richesse de la vie intérieure des autres et dévoiler les secrets de la nature. En méditant sur les signes des constellations, les planètes ou sur le caducée de Mercure, nous apprenons progressivement à déchiffrer l’écriture occulte. Ce ne sont là que quelques-unes de mes considérations sur la justesse de la voie rosicrucienne.

Le choix de lire l’ouvrage «La Voie des Mystères» ou «The Secret Stream» m’a convaincu de l’importance d’être responsable de notre apprentissage en tant qu’étudiant ésotérique. J’avais toujours associé la lecture et l’écriture à mon apprentissage universitaire, lequel visait à maximiser l’apport en lecture et en écriture, placés tous les deux sous un stress constant et soumis à des délais serrés. Après mes études de premier cycle en philosophie et littérature durant lequel j’étais constamment plongé dans la lecture et l’écriture, j’ai réalisé que lire et écrire étaient devenus une activité de loisir que je devais poursuivre bien qu’ils n’occupent pas une place centrale dans ma vie professionnelle et même au sein des communautés anthroposophiques. En quelque sorte, le manque d’activités cognitives personnelles m’a déprimé et m’a donné l’impression d’être une personne incomplète. Cependant, lorsque j’ai recommencé à lire et à écrire selon la voie rosicrucienne, je me suis senti plus épanoui, plus conscient de moi, capable de penser et d’articuler mes propres idées. J’ai découvert qu’il y avait quelque chose de profondément humain à s’engager dans cette forme d’expression de soi.

Écrire, c’est essentiellement faire naître des idées. Si lire signifie prendre au-dedans de soi ce qui est à l’extérieur, écrire est un processus de métamorphose de ce que nous avons absorbé en quelque chose de nouveau.

D’une certaine manière, la lecture et l’écriture correspondent aux sept processus d’apprentissage rosicrucien en ce sens que nous commençons par prendre quelque chose situé à l’extérieur de nous, puis l’absorber et le digérer pour enfin livrer au bout du compte quelque chose de nouveau. Le cycle complet de la vie consiste en la création de quelque chose de nouveau, puis son extinction progressive afin qu’un nouveau cycle puisse naître.  Suivre ce processus sous ses différents aspects autour de nous nous remplit d’un étonnement toujours renouvelé.

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