02 Sep Lettre de Judy King
Lundi 27 aout 2012,
Big Baddeck, Ile du Cap-Breton,
Nouvelle-Écosse
Chers amis,
Je réponds ici à l’invitation lancée par Colin Rioux-Beauséjour dans sa belle lettre parue dans le numéro d’été 2012 de Glimpses. Colin a présenté le travail du groupe de membres Vers les Sources récemment formé dans la région de Sherbrooke, au Québec. Il est en effet encourageant et inspirant d’entendre parler du travail que font d’autres membres. Or, je vais en profiter pour vous mettre au courant de quelques-unes des activités qui se déroulent dans les provinces maritimes. J’habite moi-même depuis quarante ans en Nouvelle-Écosse.
La Nouvelle-Écosse compte 17 membres de la Société anthroposophique, habitant à l’intérieur d’un triangle dont les trois pointes sont Halifax, la côte sud de la Valée de l’Annapolis et Digby. Cela vous indique que nous sommes éparpillés sur tout le territoire. Même si en regardant la carte géographique il peut sembler que nous sommes près les uns des autres, il faut d’importants déplacements pour que nous puissions nous rencontrer, ce qui demande une attention toute particulière au niveau de la planification. Les membres et amis se réunissent au moins quatre fois par année pour célébrer les fêtes. Ces célébrations, qui sont tenues en alternance dans les différents centres, comprennent un repas, des lectures de textes et des manifestations artistiques. Selon l’époque de l’année on peut trouver deux ou trois groupes d’étude dans chacun des différents centres. L’automne dernier, un cercle s’est formé à l’école Waldorf pour étudier la tripartition sociale et pour voir comment elle pourrait être appliquée à la gestion d’une petite école. Cet automne, un groupe se réunit dans la région de Digby pour étudier le cycle de conférences sur le karma. L’année dernière, on a éprouvé pour la première fois le besoin de tenir une assemblée générale annuelle. Nous sommes, sans que cela soit formellement structuré, le Nova Scotia Anthroposophical Group. À l’intérieur de cette formation, il y a un sous-groupe de six membres qui prend sur lui la responsabilité de gérer un legs laissé il y a bien des années par Hans et Lotte Castelliz pour le travail anthroposophique en Nouvelle-Écosse. De l’argent de ce fonds a déjà servi par exemple à la formation de professeurs Waldorf, à la formation de thérapeutes, à la tenue de conférences, et à payer le déplacement d’un membre par année pour assister à l’AGA. Un « cercle de prêteurs » a été mis en place pour lever les fonds nécessaires à la construction de nouvelles salles de classe pour la South Shore Waldorf School & Kindergarten. L’école Waldorf (plus de 50 élèves dans deux maternelles et des classes de 1re/2e, de 3e/4e, et de 5e/6e) est située à Blockhouse, près de Lunenberg, de Mahone Bay et de Bridgewater, et se trouve à une heure et demie de route au sud de Halifax. (C’est justement pour être le premier professeur de cette école que je suis venue, il y a seize ans, à la South Shore, qui est loin de ma maison du Cap Breton.) Au Nouveau-Brunswick on trouve quatre membres de la Société anthroposophique. Une école d’inspiration Waldorf ouvrira ses portes en septembre près de Fredericton : la Knowlesville Art & Nature School.
Nous nous trouvons privilégiés de pouvoir compter parmi nous en Nouvelle-Écosse un responsable de la Première Classe, Arthur Osmond. Entre sept et huit membres assistent régulièrement aux leçons de la Classe depuis deux ans. Nous terminerons le cycle des dix-neuf leçons en septembre, et déterminerons alors comment nous voudrions poursuivre le travail. Avant l’arrivée d’Arthur, il n’y avait jamais eu de responsable de Classe en Nouvelle-Écosse. Je suis membre de l’École depuis 1999 et commençais à me demander sérieusement pourquoi, lorsque Arthur et Margaret sont venus avec leur fille s’installer à Dartmouth. J’ai comme un sentiment qu’on était des précurseurs, qu’on était là pour préparer le terrain.
En tant que professeur Waldorf à la retraite, je suis fortement encouragée par l’intérêt que la pédagogie Waldorf suscite dans cette région. Des groupes de parents se sont formés pour établir des cercles pour le jeu libre à Halifax et à Annapolis Royal, et il y a des parents qui font du « home schooling » d’inspiration Waldorf éparpillés un peu partout sur le territoire. Je me suis récemment entretenue avec des parents au Cap Breton qui s’y intéressent. En Nouvelle-Écosse, une province relativement peu peuplée, les distances à franchir posent toujours un problème. À Halifax, Carol Nasr a mis sur pied une initiative de formation des parents. Elle accompagne également, en tant que conseillère et animatrice d’ateliers, un groupe pour le jeu libre établi par des parents. Arthur et Margaret Osmond soutiennent activement le travail anthroposophique, la pédagogie Waldorf et l’eurythmie. Les professeurs, les parents et les familles peuvent également trouver du soutien auprès de Waldorf East, qui, en plus d’organiser des conférences et des ateliers, a offert cette année son sixième congrès annuel dans les locaux de la South Shore Waldorf School. Et en fin d compte, l’Ontario n’est pas si loin de nous (à peine à 1500 km. de distance!!!) Là, on offre la formation en pédagogie Waldorf au Rudolf Steiner Centre de Toronto. Quelques-uns des enseignants de notre South ShoreWaldorf School y ont reçu leur formation, dont moi-même. Il m’est difficile d’exprimer de façon adéquate ma reconnaissance envers ce Centre pour tout ce que j’y ai vécu. D’autres enseignants ont participé au cours de formation à distance (également offert par le RSCT), dont on m’a dit de très bonnes choses. D’autres encore ont suivi la formation offerte par le West Coast Institute en Colombie-Britannique. Mais quelques enseignants de la SSWS n’ont suivi aucune formation et, se trouvant dans l’impossibilité de voyager, demandent s’il n’y aurait pas la possibilité d’offrir une formation plus près de chez nous. Ce qui se fait maintenant par morceaux donne d’excellents résultats dans l’ensemble, mais il y a un sentiment croissant qu’une formation complète intégrée s’impose.
Un cours général sur l’anthroposophie (une des exigences dans la formation d’un professeur Waldorf) débutera en septembre. On m’avait demandé plusieurs fois avant que je ne prenne ma retraite si je pouvais moi-même animer un tel cours. Cela me tient à cœur pour plusieurs raisons. Il est important de pouvoir répondre au désir des candidats de connaitre l’inspiration qui sous-tend cette pédagogie. La lecture de livres d’anthroposophie avec d’autres me plait profondément – c’est une manière de réexaminer nos propres connaissances anthroposophiques. La communauté autour de l’école est jeune (du point du vue de l’anthroposophie – mais en fait, ne sommes-nous pas tous jeunes à cet égard?) et j’accueille avec enthousiasme l’ouverture de cette nouvelle porte vers une approche anthroposophique de la vie. Le cours en question reçoit un soutien moral et financier du groupe de la Nouvelle-Écosse pour pouvoir démarrer. Il parait toutefois que le projet sera auto-suffisant déjà cette année. Il y aura des participants sur la South Shore et dans la Vallée, avec un animateur à ces deux endroits : les participants des deux centres se réuniront tous ensemble périodiquement. Cinq livres de Rudolf Steiner seront à l’étude au cours de l’année, à commencer par L’Initiation. Des cours d’art et de science, ouverts à un plus grand public, feront partie intégrante de la formation et devront aider à ce que cette initiative puisse couvrir la totalité de ses dépenses. La première de ces sessions sera donnée par Duncan Keppie, géologue et membre de la Société anthroposophique au Canada. Ce cours aura pour titre : The Spirit of the Earth, our Home. Developing inner organs to gain spiritual insights into the planet we live on. Une journée passée dans le Bassin Minas, N.-É. Nous osons espérer que ce ne sera pas un évènement isolé mais que cette session constituera plutôt le premier volet de ce qui deviendra un cours permanent. Pour l’instant, il s’agit d’un début, et nous restons ouverts à ce qui viendra, sans y imposer d’attentes préconçues. La biodynamie est pratiquée en Nouvelle-Écosse dans des fermes, des jardins et aussi au niveau de l’apiculture. On offre des ateliers en culture biodynamique, en compostage et en apiculture. Au cours de l’année dernière il y a eu un groupe d’études sur la biodynamie animé par une jardinière de la South Shore qui est en train d’intégrer dans son jardin des pratiques biodynamiques compatibles avec les normes préconisées par la CSA.
À Wolfville on trouve l’Alexander Society, qui depuis plusieurs années intègre les connaissances de l’anthroposophie dans son travail thérapeutique avec les enfants et les adolescents. Cette organisation fait venir des conférenciers et animateurs d’Angleterre et des États-Unis pour offrir des évènements publics.
Et il y aurait beaucoup plus à dire, mais je m’arrête ici. Ce que je viens de décrire n’est que la « peau extérieure » d’une intense activité humaine inspirée de l’anthroposophie. Imaginez un peu toute la préparation, tout le travail, toutes les joies et tous les défis présentés par les mondes physique et spirituel – enfin tout ce qui a fait que ces réalisations de l’activité humaine puissent voir le jour! Tant de choses se déroulent dans l’invisible, choses qui s’avèreront, je le crois, importantes et aidantes pour l’anthroposophie à l’avenir. Je suis optimiste de nature, et le deviens encore plus lorsque je continue de connaitre tant de jeunes (et de moins jeunes) qui portent une véritable aspiration à donner un renouveau de vie au monde et qui sont animés d’un amour tout particulier pour le bien.
Je te remercie sincèrement, Colin, toi et tous ceux de ton groupe, car vous m’avez encouragée à écrire cette lettre.
Meilleures salutations de la Nouvelle-Écosse, et que vos aventures anthroposophiques connaissent des réalisations heureuses!
Judy King.
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