21 Sep Mot du secrétaire général
Chers amis,
Déjà plus d’un mois s’est écoulé depuis la soirée de clôture de notre congrès Encircling Light – Expectant Silence à Whitehorse! Lorsque tout le branle-bas d’annulations et d’inscriptions de dernière minute a fini par se calmer, nous étions en tout 181 participants venus pour créer ensemble un des événements les plus remarquables qu’ait jamais connu la Société anthroposophique au Canada. Nous sommes reconnaissants, les membres du comité de planification, que la mosaïque de possibilités que nous avions voulu rendre disponibles pour la semaine se soit en effet concrétisée. Des réflexions sur l’événement continueront à paraître dans notre bulletin électronique et dans Glimpses, entre autres, pendant un certain temps encore. Pour ma part, j’aimerais vous faire part de deux événements qui ont touché notre semaine à Whitehorse.
Owen Lange, un membre habitant l’île de Vancouver, s’est éteint le 4 août, pendant le congrès. Owen et sa femme Marilyn s’étaient inscrits pour participer à l’événement mais ont dû annuler en raison de la maladie d’Owen. Ceux des congressistes qui avaient connu Owen de ce côté-ci du seuil le sentaient présent parmi nous, comme s’il tenait à participer à la semaine d’une forme ou d’une autre. L’annonce de sa mort aux participants, d’une part, et l’hommage rendu à Owen, à Marilyn et à sa famille lors des présentations artistiques du vendredi soir, d’autre part, ont fait de sorte que le congrès entier puisse accueillir la vie et le travail de notre ami et collègue de l’École de Science de l’esprit.
Un deuxième phénomène remarquable, c’était la couche de fumée qui couvrait le ciel de Whitehorse, provenant d’un feu de forêt des environs. Il n’y avait aucun menace pour Whitehorse même, mais nous avons assisté à un obscurcissement du ciel bleu et clair qui avait accueilli le début de notre congrès. Ceux d’entre nous qui avons voyagé jusqu’à Teslin lors des excursions du mercredi, nous sommes retrouvés plus proche de du foyer de l’incendie, dans les environs du lac Teslin et de la rivière Teslin. Le soir, nous nous sommes tenus sur les bords du lac, près du Tlingit Heritage Centre, d’où nous avons pu observer comment le feu altérait les couleurs du paysage; le dessous des feuilles des trembles revêtait un vert étrange et le soleil, tout rouge, se brûlait un passage à travers les nuages chargés de fumée.
Au Canada, nous avons tendance à considérer l’eau, l’air, la lumière et la terre comme étant les éléments prédominants. Pourtant, l’élément feu, hibernant sous terre pendant les longs mois d’hiver, est là en attente, jusqu’à ce que, d’une façon ou d’une autre, quelque chose vienne le déclencher pendant les grandes chaleurs et les orages de la période estivale. Encore une fois cet été, les incendies ont fait rage dans le sud de la Colombie Britannique, menaçant des communautés telles que Kelowna. Avant de venir participer au congrès, Ron et Monika Ficke de West Kelowna avaient dû évacuer leur demeure en attendant que le feu qui la menaçait soit circonscrit.
La présence du feu aux limites extérieures de notre congrès et la mort d’Owen au cœur même de l’événement nous ont rappelé que nous étions réellement engagés dans un processus qui embrassait toute une gamme d’expériences humaines, intérieures et extérieures. Peut-être celles-ci ont-elles offert à plusieurs d’entre nous l’occasion de pratiquer le quatrième exercice donné par Rudolf Steiner. Pour pouvoir découvrir ce qu’il y a de positif dans tout événement, dans toute expérience, nous devons traverser, avec notre penser et encore plus avec notre sentiment, jusqu’à « l’autre côté » de la réalité émotionnelle et spirituelle de cette chose qui se trouve devant nous. * Car il s’agit de découvrir une nouvelle façon de saisir ce qui a occasionné cette réalité et, par là, de découvrir ce que nous pouvons devenir grâce à elle.
Une fois le congrès terminé, en route pour Fort St. John, Marjorie et moi avons passé la nuit au Dawson Peaks Resort, situé juste au sud de Teslin. Le propriétaire, David Hett, a raconté comment un ancien de la nation Tlingit voyait le feu comme un agent salutaire qui purifie et renouvelle la terre, pourvu toutefois qu’il reste de l’autre côté du lac et de la rivière pour ne pas empiéter outre mesure sur les vies humaines. Pour nous, participants du congrès, le feu a apporté à l’événement une nuance, en quelque sorte un « autre côté » qui a été présent durant toute la semaine. Était-ce un cadeau inattendu des êtres qui avaient porté ce congrès avec tant d’amour tout le long de sa planification et de sa réalisation?
Mes meilleures pensées vous accompagnent vers la Michaëlie.
Philip Thatcher,
Secrétaire général
*d’une image tirée d’une conférence de Franz E. Winkler (The Psychology of Leadership) donnée le 6 février 1957 à l’institut Myrin.
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