27 Nov Entrevue avec Philip Thatcher
Réflexions sur mes années comme Secrétaire général
De Robert McKay
RM: Quelle a été votre première rencontre avec l’anthroposophie? A-t-il été facile pour vous de trouver un lien avec l’œuvre de Steiner?
PT: Mon premier contact avec l’anthroposophie s’est fait lorsque j’ai épousé Marjorie, donc en 1965. J’étais alors jeune prêtre au sein de l’église anglicane, travaillant dans l’intérieur de la Colombie Britannique. Pendant les sept années qui ont suivi, mes rencontres avec l’anthroposophie et avec les anthroposophes ont été sporadiques et un tant soit peu énigmatiques – des gens intéressants, certes, et impliqués dans des activités qui allaient au-delà de la simple étude d’une philosophie étrange. Et pourtant, rien de ce qui s’est passé au cours de ces rencontres ne pouvait présager un changement significatif dans ma vie.
Nous avons déménagé de Prince George jusqu’à North Vancouver en 1972. Il y avait là une Société anthroposophique active, la communauté des Chrétiens s’y était récemment établie, et l’école Waldorf venait d’ouvrir ses portes. Bientôt nos enfants sont devenus des élèves Waldorf. Cette pédagogie était une chose que je pouvais accueillir de tout cœur, alors que d’autres aspects de l’anthroposophie me posaient des problèmes. Certes, il y avait des rayons de lumière ci et là, comme par exemple le travail sur la biographie. Mais à l’époque, je ne comprenais pas encore comment le karma et la réincarnation, que je ne connaissais que du point de vue orientale, pouvaient être compatibles avec ma compréhension de l’événement christique comme réalité affirmant et transformant l’univers.
Mais à mon deuxième nœud lunaire, j’ai vécu une sorte de passage à travers le trou de l’aiguille – ma résistance à Rudolf Steiner s’est transformée en une porte ouverte. Tout d’un coup, des aspects de l’anthroposophie qui m’avaient semblé impossibles jusque-là sont devenus possibles; en même temps mon travail au sein de l’église anglicane a pris fin. En 1977, j’ai pris la décision de faire un saut dans l’inconnu pour m’inscrire à l’année de formation (Foundation Year) du collège Emerson. Et là, au bout de ce saut, voilà que La Philosophie de la Liberté et ensuite le conte de Parzifal m’attendaient. À la différence des collègues dans l’anthroposophie qui se sont sentis immédiatement chez eux lors de leur première rencontre avec l’œuvre de Rudolf Steiner, je suis parmi ceux qui ont dû emprunter un chemin différent. Je comprends donc fort bien les individus qui doivent lutter pour trouver un lien avec Rudolf Steiner.
RM : Dans la récente allocution que vous avez donnée au Goetheanum, vous avez mentionné que l’anthroposophie a toujours la possibilité de nous surprendre, et que notre Conseil vous avait surpris en vous demandant de devenir Secrétaire général. Pouvez-vous évoquer pour nous les débuts de cette trajectoire?
PT : J’ai servi comme membre du Conseil de la Société au Canada de 1986 à 1993, et ensuite, avec Herb Walsh et Robert Adams, j’ai été corédacteur de la revue Aurore, de l’automne 1994 au printemps 2002. De temps en temps, une personne ou l’autre se demandait à voix haute si jamais je considérerais prendre sur moi la tâche de Secrétaire général. Pourtant, rien en moi ne semblait correspondre à cette idée. Je travaillais activement comme enseignant des grandes classes à l’école Waldorf et comme éducateur auprès des adultes, et j’étais en train d’écrire mes romans : The Raven Trilogy. J’estimais d’autre part que depuis plus de quatorze années j’avais contribué de façon significative à la Société au Canada et songeais à passer ensuite à autre chose, une fois que j’aurais pris ma retraite de l’enseignement en 2004.
Ce qui est survenu alors à mon grand étonnement, c’était une question directe que m’a adressée le Conseil concernant la tâche de Secrétaire général. Cette question a été l’initiative d’un nouveau membre du Conseil que je ne connaissais pas bien mais pour qui j’avais beaucoup de respect. Non seulement la question m’a-t-elle surpris, mais elle m’a arrêté net. J’ai compris alors qu’il me fallait considérer la tâche de Secrétaire général sous un nouveau jour. Et puis il a fallu que je fasse un pas de plus pour me demander si j’étais vraiment la bonne personne pour assumer cette tâche. Y avait-il quelqu’un de mieux qualifié pour ce travail? À mesure que le processus de sélection suivait son cours et qu’on en était à demander aux membres s’ils pouvaient me reconnaitre comme Secrétaire général, je savais que je n’avais qu’à faire confiance en leur jugement et à être prêt à me retirer si leur reconnaissance ne m’était pas accordée.
RM : Certains membres parmi les plus anciens de la Société au Canada, qui ont travaillé avec plusieurs Secrétaires généraux, disent noter combien chaque individu interprète le rôle différemment. Comment avez-vous fait pour vous y retrouver? Quelles ont été les pensées qui vous ont guidé?
PT : Pendant le processus de sélection, Paul Mackay m’a posé une question : « Que feriez-vous si en fait vous deveniez Secrétaire général pour le Canada? » Et moi de répondre : « Paul, je ne sais pas encore ce que je ferais. »
Ce qui, avec le recul, me semble être un bon point de départ. Sans être alors encombré de buts ou de projets prédéterminés, je pouvais assumer la tâche avec l’intention de découvrir où elle me mènerait. Il y avait, certes, plusieurs imaginations que je portais depuis mon temps comme membre du Conseil et comme rédacteur de la revue Aurore, et d’autres qui émergeaient de l’ensemble de ma biographie. L’une de ces imaginations, c’était celle du Canada, non seulement comme un vaste pays mais aussi comme un être, un être encore en devenir. Comment une petite Société comme la nôtre, éparpillée à travers tout le pays, pourrait-elle trouver une forme spécifique qui correspondrait à cet être? Et comment pourrions-nous contribuer à la création de cette forme?
Une autre pensée directrice m’habitait : il serait essentiel que j’arrive à connaître les membres de la Société au Canada, que je les rencontre chaque fois que c’était possible dans leurs centres de travail et que j’entende ce qu’ils aspiraient à réaliser. Non seulement ce geste d’écoute offrirait-il du support pour les membres, mais encore il m’aiderait à saisir quelle pourrait être ma contribution personnelle durant mon mandat de Secrétaire général.
Et un troisième élément qui donnait forme à mon travail, c’était un éveil, au sein de l’École de Science de l’Esprit et au sein de la Société elle-même, à la tâche et aux questions de recherche qui incombaient à la Section d’Anthroposophie générale de l’École. Quelles sont les questions qui nous préoccupent en tant qu’êtres humains de notre époque? Comment la Science de l’Esprit peut-elle nous aider à faire de la recherche dans ce sens? Et comment cette recherche peut-elle transformer la qualité de nos rencontres humaines à l’intérieur de la Société?
RM : L’Anthroposophie dépend essentiellement du fait que les êtres humains travaillent ensemble, et néanmoins, en tant qu’organisation humaine, la Société anthroposophique a besoin de dirigeants. Y a-t-il des défis particuliers associés au fait d’être un dirigeant dans un contexte anthroposophique?
PT : On entend parfois l’expression « accorder le leadership à …. » dans des situations particulières. Il est important de porter attention à notre utilisation habituelle du langage, car on peut concevoir le leadership autrement, comme étant un don qu’un individu offre à sa communauté. Le grand défi est alors de discerner avec acuité ce dont la communauté a réellement besoin.
Dans la Société anthroposophique, le dirigeant doit être au service du travail des membres. Comment donc favoriser et en même temps approfondir ce travail? Comment confirmer le travail déjà en cours tout en discernant de nouvelles façons de travailler jusqu’ici inexplorées? Comment enrichir la compréhension de l’anthroposophie qui vit déjà parmi les membres tout en ouvrant des portes qui pourraient étendre ou même reconfigurer cette compréhension, pour plus inconfortable que soit cette reconfiguration. Quand doit-on écouter et quand doit-on parler? L’exercice de leadership vu sous ce jour implique qu’on soit capable de pondérer les possibilités et qu’on soit prêt à vivre dans un état de tension créative entre ce qui existe déjà et ce qui pourrait être.
En plus, tout en affirmant les initiatives des membres, il fallait que je reste éveillé et que j’aie le courage d’assumer les initiatives qui m’incombaient à moi comme Secrétaire général. Le grand congrès sur le Nord en est un exemple.
RM : Lors du dernier AGA de la Société au Canada, vous avez donné une admirable causerie dans laquelle vous avez émis l’idée que les anthroposophes doivent développer des moyens de faciliter l’échange verbal et le travail en commun. Comment pouvons-nous réaliser cela?
PT : Au cœur de cette causerie j’ai évoqué les différentes ambiances qu’impliquent les modes verbaux de notre langue : indicatif, interrogatif, impératif. Deux questions ont découlé de cette évocation : Comment pénétrer chacune de ces ambiances d’une conscience anthroposophique? Et faut-il que nous transformions l’ambiance de ce qui a été jusqu’ici le mode impératif en ce qu’on pourrait appeler un mode « facilitateur »? Comment aller d’un mode qui se préoccupe de ce qui devrait être à un mode apte à rendre possible ce qui pourrait être?
J’ai ensuite élaboré trois manières de mettre en pratique cette nouvelle ambiance. Mais pour quelque mise en pratique que ce soit, l’essentiel, c’est notre volonté réelle d’opérer ce changement fondamental, de modifier réellement la façon dont nous portons les possibilités et les questions urgentes de l’anthroposophie. Comment redécouvrir, jour après jour, la liberté et la responsabilité à partir de l’âme de conscience, tel qu’indiqué par Rudolf Steiner dans sa Philosophie de la Liberté? Il s’agit d’en arriver à des pensées et des actions qui, au lieu d’être contraintes par les impératifs, puisent leur racine dans un penser intuitif. Comment faire pour faciliter cette qualité d’activité en nous-mêmes et chez nos collègues en anthroposophie?
La pratique de l’écoute de l’autre, sans idée préconçue par rapport à ce qui devrait être dit ou fait, est un aspect essentiel de cette ambiance facilitatrice.
RM : Pendant votre mandat comme Secrétaire général, vous avez eu l’occasion de travailler avec des Secrétaires généraux de partout dans le monde. Est-ce que cela a changé votre conception du mouvement anthroposophique?
PT : Oui, dans ce sens que je suis devenu sensible (tout autrement qu’en lisant les articles publiés dans Anthroposophy Worldwide) à la multitude de formes dans lesquelles la vie de l’anthroposophie et de la Société anthroposophique sont incarnées. La rencontre avec des collègues qui portaient en eux les possibilités, les questions et les luttes de leurs situations particulières a ajouté une autre dimension à la conscience que je pouvais en avoir déjà. J’ai été frappé, par exemple, par la différence entre la situation des Sociétés européennes, où l’on trouve un grand nombre de membres dans un territoire assez restreint, et notre réalité au Canada. Cette densité permet une intensité dans le travail anthroposophique qui peut être dynamique et riche, mais qui peut occasionner d’autre part le même degré d’intensité dans les difficultés que vivent entre eux ceux qui travaillent activement. En plus, mes collègues d’Europe centrale, venant de Sociétés ayant un plus grand nombre de membres que la nôtre et portant donc une plus grande part du fardeau fiscal de support pour le Gœtheanum, sont particulièrement sensibles à ce qui se passe au Gœtheanum. Leurs membres exercent souvent sur eux une pression pour qu’ils leur rendent compte des difficultés, même lorsqu’il n’y a que des rumeurs non fondées.
Et il y avait ensuite mes collègues nordiques, qui ont rallumé en moi mon intérêt pour le Nord du globe. À mesure que j’ai appris à les connaitre, dans nos rencontres et aussi dans leurs propres pays, j’ai pris conscience du rôle unique que jouent leurs Sociétés dans le tissu de la vie anthroposophique globale. Il serait important de noter non seulement le nombre de conférences que Rudolf Steiner a donné dans les pays de l’Europe du Nord, mais aussi le contenu de ces conférences et les thèmes qu’il a choisi d’aborder pour la première fois dans cette région.
Par ailleurs, je partageais avec mes collègues de la Nouvelle Zélande et de l’Australie l’expérience de vivre à une grande distance du Gœtheanum, découvrant en même temps que cette distance pouvait donner une différente perspective sur ce qui se passait dans ces pays et dans le monde. Ma collègue nouvelle-zélandaise, Sue Simpson, a été parmi ceux qui ont travaillé activement pour qu’il y ait un « échange global » à l’intérieur de chaque réunion des Secrétaires généraux. Il est vite devenu apparent à tous combien elle pouvait être claire et habile à diriger notre attention sur l’essentiel et à animer un échange passionnant, grâce à sa perspective acquise au sein d’une Société fort active dans un petit pays.
Je suis très reconnaissant envers Helmut Goldmann d’Autriche et Joan Almon des USA qui m’ont témoigné beaucoup d’amitié dans les premières années de mon mandat et m’ont bien aidé à me lier à ce qui se passait dans nos réunions. Lorsque Torin Finser est devenu Secrétaire général conjoint pour les USA, lui et moi nous sommes souvent rencontrés pour le repas du midi – une espèce de repas/réunion des Secrétaires généraux d’Amérique du Nord. Ces rencontres ont été pour moi quelque chose de précieux.
Le cercle des Secrétaires généraux est constitué d’êtres humains de qualité, et les interactions que j’ai pu vivre avec ces individus vont me manquer.
RM : Au dire de tous, le congrès de Whitehorse a été une expérience profondément marquante qui continue à résonner chez les participants. Pourquoi est-ce que cet événement s’est avéré être si puissant? Comment continue-t-il à vivre en vous?
PT : Que ce congrès Encircling Light – Expectant Silence continue à vivre dans l’âme de ceux qui y ont participé m’est devenu clair maintes et maintes fois durant les deux dernières années. En aout 2011, j’ai participé, avec d’autres membres du Canada, au congrès I am the Inner and Outer Light qui s’est déroulé dans les îles Åland, en Finlande. Un bon nombre de ces participants avaient également assisté au congrès de Whitehorse et en évoquaient le souvenir, exprimant aussi comment les deux congrès résonnaient de manière analogue en eux.
Jusqu’ici, j’ai toujours reculé devant l’idée d’analyser la semaine de Whitehorse en détail pour tenter d’identifier les raisons pour lesquelles elle a été une telle réussite. Toutefois, avec un recul de deux années, je me sens prêt à offrir quelques réflexions ici.
Ce congrès a toujours marché périlleusement sur le bord du précipice, depuis sa première conception, quand j’ai connu Frode Barkved, de Norvège, à l’automne 2004 (nous étions tous les deux nouveaux au sein du cercle des Secrétaires généraux), jusque dans la semaine du congrès lui-même. L’idée de tenir le congrès à Whitehorse avait du sens, et pourtant elle comportait des risques. Quand j’ai voyagé à Whitehorse avec Monique Walsh, Edna Cox, et Ralph Danyluk en aout 2006, nous étions prêts à nous avouer que l’idée pouvait s’avérer mauvaise. Ce que nous y avons trouvé, et ceux que nous y avons trouvés, nous ont convaincus que l’idée était réalisable. Et pourtant, chaque étape du processus durant les trois années qui ont suivi comportait cet élément « d’être au bord du précipice », y compris le financement du congrès. Je me rappelle combien nous avons été émus de la générosité des dons qui nous sont parvenus, et je n’oublierai jamais mon soulagement le jour où j’ai constaté que les inscriptions déjà reçues assuraient que nous allions au moins pouvoir couvrir nos dépenses. Dans la conception et la planification de l’événement nous avons pris des risques, et lorsqu’on prend des risques on est toujours au bord du précipice.
Et je suis convaincu que cet élément de risque vivait également chez beaucoup de ceux qui ont choisi de venir à Whitehorse, peut-être même chez tous. En parcourant les feuilles d’inscription, provenant du Canada, des USA, des pays nordiques et d’Europe centrale, il est devenu clair pour moi que chaque individu en question prenait un engagement de s’aventurer dans un évènement qui ne serait pas un congrès anthroposophique habituel. Cette volonté des participants à s’engager était essentielle à ce que la semaine prenne vie.
D’autres éléments importants à mon avis comprenaient : la décision de demander à des membres plus jeunes de prendre un rôle de leadership dans l’élaboration du congrès; le fait d’offrir à plusieurs individus d’assumer des tâches de leadership d’une manière toute nouvelle; nos efforts à y intégrer les cultures des Premières Nations de la région du Yukon. Une décision avait été prise relativement tôt : celle de placer l’École de Science de l’Esprit au cœur même du congrès, d’une manière sans prétention; cela comprenait la tenue d’une seule leçon portée pendant toute la semaine, tous les matins. De cette façon, le travail de l’École pouvait pénétrer l’ensemble de chaque journée.
Et une dernière réflexion, une pensée qui ne s’est précisée en moi qu’assez récemment : Dans les dernières pages de son Science de l’Occulte, Rudolf Steiner parle du Cosmos de Sagesse qui se transforme en Cosmos d’Amour, disant que cette transformation est le secret de toute évolution future et le sens même de la destinée terrestre de l’humanité. « De par sa nature, la connaissance spirituelle se transmue en amour*» (*Trad. Éditions EAR).
Je deviens de plus en plus conscient des moments où ceux d’entre nous qui œuvrons activement dans l’anthroposophie avons recours à la sagesse de notre passé cosmique pour tenter de comprendre et d’exprimer les nouvelles perspectives que nous ouvre la Science de l’Esprit. Que nous recourions ainsi à la Sagesse cosmique n’a rien d’étonnant. Car celle-ci constitue le courant de connaissance qui nous a guidés et alimentés depuis le début et elle demeure une ressource étonnamment riche dans ce qu’elle peut nous offrir. Et pourtant, la transformation dont parle Rudolf Steiner est essentielle. Une question des plus urgentes pour notre époque : Comment faire pour qu’une connaissance issue de la sagesse se transmue en une connaissance issue de l’amour? Une telle transformation représente le but de toute l’évolution de la terre. J’ose pourtant affirmer que nous avons contribué à cette transmutation grâce à notre congrès Encircling Light – Expectant Silence. Je ne trouve pas d’autre explication qui rende compte de l’expérience qu’ont vécue tant de participants – expérience de l’être humain qui rencontre l’être humain.
Malgré les réflexions ci-dessus, il incombe à chaque participant lui-même de dire pourquoi et comment Whitehorse continue à vivre dans son âme. Quant à moi, je n’ai pas cessé d’explorer le Nord, et le congrès continue à vivre en chacun de mes voyages.
RM : Et maintenant, qu’est-ce qui vous attend, vous, Philip Thatcher? Est-ce que votre agenda sera un peu moins chargé?
PT : Oui, pour le moment – mais non, fort probablement, à mesure que les années qu’il me reste à vivre se préciseront. La quantité de courriels a diminuée, mais d’autres activités se poursuivent. Je continue d’être actif au sein de l’École de Science de l’Esprit et je poursuis mon travail d’éducateur auprès des adultes – ce qui s’avère être le fil conducteur le plus long de ma biographie (depuis l’âge de 25 ans). Ce travail comprend les cours sur la Philosophie de la Liberté et sur le Parzifal que je donne dans le cadre de la formation des enseignants du West Coast Institute for Studies in Anthroposophy. Et je commence à explorer de nouvelles manières d’unir ces deux thèmes dans des ateliers et des cours.
Mes voyages dans le Nord du globe se poursuivent également. En juillet dernier, j’ai passé plusieurs jours à l’ile de Baffin avec le plus âgé de mes petits-fils, Matthew. Nous y avons fait des excursions à pied avec des guides Inuit. Au mois d’aout, après le congrès Inner and Outer Light, je me suis rendu en voiture jusque dans le nord de la Finlande. Et en septembre, Marjorie et moi avons donné des ateliers à Fairbanks, en Alaska, entourés de magnifiques bouleaux dont les feuilles commençaient à revêtir une teinte dorée radieuse. Cette exploration de l’essence du Nord continue.
En plus, je continue à essayer de comprendre cette terre, cet être, ce Canada. Lorsque j’ai connu ma collègue Leena Westergren, Secrétaire générale pour la Finlande, à Whitehorse, elle m’a dit : « J’ai toujours pensé que la Finlande était un vaste pays – avant de survoler le Canada! » Et cette immensité continue à me parler et à m’interroger.
Et qui sait? Je reprendrai peut-être ma plume (un cadeau offert par un ancien élève de la Vancouver Waldorf School!) pour me remettre à écrire – mais cette fois-ci à partir d’un nouveau moment de ma biographie. Cela reste à voir.
RM : Auriez-vous quelques bons conseils à offrir à Arie alors qu’il entre dans son nouveau rôle comme Secrétaire général?
PT : Non, pas de conseils à donner. Je ne peux que lui exprimer ma reconnaissance d’avoir accepté d’assumer cette tâche au nom de la Société anthroposophique au Canada. Il saura bien servir nos membres à mesure qu’il s’appropriera le travail et qu’il découvrira les initiatives qui lui appartiennent à lui personnellement.
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