08 Dec MOT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
Chers amis
Dans la première semaine du mois de novembre les Secrétaires généraux se sont réunis au Goetheanum avec le Comité Directeur et les responsables de Sections de l’École de Science de l’Esprit. La question qui a occupé notre attention tout au cours de la semaine : la compression à effectuer dans le budget du Goetheanum pour l’année 2011, le montant de cette réduction sera de 3,900,000 francs suisses (légèrement plus que le même montant en dollars canadiens.) Ce chiffre tient compte de la diminution des contributions des membres de la Société universelle, de la baisse du montant des dons faits au Goetheanum, de la décision d’exclure du budget l’argent des héritages, et d’une perte de 800,000 francs suisses en frais d’échange à partir d’autres monnaies.
L’activité de la scène du Goetheanum (théâtre et eurythmie) sera considérablement réduite une fois terminées les représentations actuelles des Drames-Mystères. La Section des Arts plastiques n’a plus ni responsable ni collaborateurs au Goetheanum. D’autres Sections – comme par exemple la Section des Mathématiques et la Section des Sciences sociales, ont encore des responsables mais n’ont plus de collaborateurs sur place. D’autres sections sont encore en train d’étudier comment leur travail pourra se poursuivre. Lorsque Cornelius Pietzner quittera son poste de Trésorier en avril de 2011, son poste sur le Conseil directeur ne sera pas comblé pour le moment. Paul Mackay servira de trésorier par intérim pour la Société anthroposophique universelle.
Ce que je viens de mentionner décrit la situation actuelle au Goetheanum. Mais à un autre niveau, beaucoup plus humain, vivent toutes les réactions et les luttes individuelles dans les âmes de ceux qui sont touchés directement : frustration, colère, regret, mais aussi une acceptation de ce que la situation actuelle exige et une expression d’empathie pour ceux qui ne pourront plus continuer dans leurs fonctions de collaborateurs au Goetheanum. C’était à ce niveau d’une expérience humaine directe que nous, Secrétaires généraux, avons été témoins des conséquences immédiates de cette situation financière.
Durant nos réunions des Secrétaires généraux, on a cherché comment montrer notre appui au Comité directeur et aux responsables de Section, plutôt que de chercher à culpabiliser qui que ce soit pour la situation – à moins que ce ne soit de reconnaître que la décision de procéder à des coupures budgétaires aurait pu être prise plus tôt. Pourtant, une croissance de l’activité anthroposophique partout dans le monde et la réponse énergique suscitée par plusieurs activités au Goetheanum avaient nourri l’espoir de voir une augmentation correspondante de fonds dirigée vers le Goetheanum. Or, cet espoir ne s’est pas réalisé.
Pour chacun de nous, les Secrétaires généraux, la question est alors devenue : Comment moi-même et la Société anthroposophique dans mon pays devrons-nous établir un rapport juste avec cette situation? De la part des Sociétés européennes ayant de nombreux membres (tels que l’Allemagne et les Pays-Bas) une réponse a été offerte : que les Conseils de leurs Sociétés nationales travaillent en collaboration directe avec le Comité directeur au Goetheanum. Étant donné ce que nous avons tenté de réaliser ici au Canada depuis quelques années, et en tenant compte du fait que nous sommes une petite société éloignée géographiquement du Goetheanum, de quelle manière pouvons-nous répondre aux besoins de la situation? Comme point de départ, je me suis demandé : Qu’est-ce que je peux reconnaître, en tant que membre de la Société anthroposophique au Canada, comme étant les tâches du Goetheanum que je considère essentielles et que je suis prêt à soutenir?
En premier lieu, je compte sur le Goetheanum pour rendre visible l’être d’une Société anthroposophique universelle qui a une tâche pour l’humanité. Cela trouve sa manifestation à la fois dans le travail fait au Goetheanum et dans l’activité se réalisant ailleurs dans le monde. Il suffit de consulter des organes de diffusion comme Anthroposophy Worldwide et notre bulletin des membres ici au pays pour s’en rendre compte. Je suis pleinement conscient par ailleurs de combien les membres eux-mêmes, ici au Canada et partout dans le monde, donnent forme à une Société universelle par leurs gestes et par leur propre être. Lorsque je vous rencontre personnellement, lorsque je parle avec vous au téléphone, je suis frappé maintes et maintes fois par la profondeur et l’envergure des rapports que beaucoup d’entre vous entretenez avec la vie anthroposophique d’au-delà des frontières de notre pays. Grâce à ces liens et à la conscience qu’ils éveillent, nous donnons corps, ici au Canada, à l’être du Goetheanum comme société mondiale. Comment donc rendre ces liens plus visibles entre nous-mêmes d’une manière conforme à notre vision de la tâche du Goetheanum?
Deuxièmement, je compte sur le Goetheanum pour éveiller, nourrir et sauvegarder les organes essentiels de la recherche spirituelle, quel que soit l’endroit où ces organes déploient leur activité et indépendamment de la manière dont ils soient formés. À l’origine, Rudolf Steiner a donné à ces organes la forme des Sections de l’École de Science de l’Esprit; jusqu’à présent, chaque Section a eu un responsable et des collaborateurs au Goetheanum. Le temps est peut-être venu, avec la crise budgétaire actuelle, de développer une nouvelle imagination des formes que devraient prendre ces organes essentiels – où ils devraient être situés physiquement dans le contexte mondial du travail de l’École, et comment on peut concevoir une gestion de ces organes qui puisse assurer, à ce moment critique, un chemin viable vers l’avenir.
Au Canada, le Conseil, avec les responsables de Classe et d’autres collègues de l’École, porte depuis quelque temps la question de comment donner au travail des Sections davantage de visibilité. Peut-être serait-ce maintenant le moment d’explorer cette question d’une nouvelle manière, avec d’autres collègues de l’École ailleurs dans le monde.
Une question fondamentale sous-tend toutes les considérations ci-dessus : Qu’est-ce que le Goetheanum pour nous – comment le comprenons-nous et quelle imagination en avons-nous? Notre compréhension est-elle liée à une activité concentrée principalement à Dornach? Ou bien imaginons-nous aussi le Goetheanum comme étant présent partout au sein de la Société universelle? Si oui, comment cette présence peut-elle revêtir une nouvelle forme dont un besoin urgent se fait sentir?
Durant le Congrès de Noël, dans sa conférence du soir du 31 décembre 1923, anniversaire de l’incendie du Goetheanum (L’envie des Dieux, l’envie des hommes – dans Le congrès de Noël, Ed. Anthroposophiques Romandes), Rudolf Steiner a déclaré que le Goetheanum est une réalité d’esprit qu’aucun feu ne pourrait jamais détruire, et il voulait que l’on s’engage envers cette réalité. Comment donc pouvons-nous, à ce moment critique que nous vivons, éveiller de nouveau ce que Rudolf Steiner appelle « l’esprit du Goetheanum »? Comment pouvons-nous, grâce à cet éveil, travailler de concert avec nos collègues à Dornach pour comprendre le moment présent et lui faire face?
En terminant cette lettre, je voudrais vous informer du passage du seuil de Linda Link, qui a vécu les dernières années de sa vie sur l’île de Quadra, en Colombie Britannique. Membre fidèle de longue date de la Société anthroposophique au Canada, Linda a été co-fondatrice de « Capers », un des premiers magasins d’aliments naturels dans la région du « lower mainland.» Elle est morte d’une pneumonie au mois de juin, et ce n’est que récemment que j’ai appris son décès. Je souhaiterais qu’un membre de sa famille puisse écrire un article sur sa vie pour un numéro futur de Glimpses.
Je tiens aussi à attirer votre attention sur le congrès qui se tiendra cet été en Finlande : I AM – the Inner and Outer Light, qui va explorer le thème du Christ éthérique. Il se déroulera du 3 au 7 août sur l’île d’åland, au large de la côte ouest de la Finlande. Le site internet du congrès est : www.innerlight2011.com. Ce congrès donne suite, en quelque sorte, à notre congrès de Whitehorse de 2009 et à celui de l’été dernier en Islande. J’ai l’espoir que quelques-uns de nos membres auront l’occasion d’y participer.
Avec mes meilleures pensées pour le temps de l’avent,
Philip Thatcher,
Secrétaire général
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