Apprendre à vivre avec des questions

Apprendre à vivre avec des questions

Réflexions sur l”AGA et Congrès 2013

– Micah Edelstein
Lors de notre modeste festival d’Ascension à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, j’ai demandé à Judy King si on allait me demander de dire quelques mots durant l’AGA de Montréal. Je voulais être bien préparé pour vivre ma première AGA. Judy m’a souri et m’a dit tout simplement qu’on pourrait peut-être me demander de parler brièvement de la représentation des jeunes au sein de la SAC. Je l’ai remerciée de ce renseignement et de m’avoir procuré les fonds me permettant de me déplacer pour assister à l’évènement. Je me suis mis à réfléchir sur ce que pourrait être cette représentation des jeunes. Je l’appelle « la question concernant les jeunes ».  
J’ai récemment développé une nouvelle compréhension et une profonde appréciation pour la force qui nous vient du fait de vivre avec les questions. Avant, je cherchais à trouver à l’extérieur de moi-même les réponses aux questions qui surgissaient en moi. Depuis quelque temps maintenant j’en suis venu à comprendre que l’essentiel, c’est la question elle-même. Il n’est certes pas facile de vivre avec la question juste, mais ce que nous recevons lorsque nous réussissons à le faire n’est rien d’autre qu’un cadeau des dieux.  C’est précisément ce cadeau qui se perd dans la course que nous menons pour découvrir la réponse. Ce qui vit dans la question, c’est une lueur de notre propre conscience divine. Les réponses sont par conséquent, pour notre pensée courante dense et rigide, des questions qui viennent mourir à l’intérieur de nous-mêmes. En d’autres mots, en notre conscience qui aspire à s’élargir les réponses pénètrent comme une sorte de poids. Plus on trouve de réponses et plus nous devenons intérieurement lourds parce qu’ainsi nous rendons notre conscience semblable à la pesanteur.  La « pensée pesanteur » attache un concept fixe à ce qui devrait être une conscience vivante pleine de souffle. Par là elle rend notre pensée semblable à l’élément terre. On pourrait dire que les réponses emprisonnent notre conscience divine tout comme la pensée matérialiste emprisonne les êtres élémentaux.
Pour contrer cette tendance, on peut vivre l’expérience d’une « conscience-légèreté » lorsqu’on formule des questions tout en se gardant de leur attacher des réponses concrètes. C’est dans cet esprit que j’ai choisi de porter la question de la représentation des jeunes à l’intérieur de la Société comme une question vivante sans réponse concrète. Ari-Paul Saunders, un autre jeune membre de la Société, a traité cette même question dans sa lettre adressée à l’AGA. Nous nous sommes mis d’accord pour explorer cette question ensemble. Nous entretenons l’espoir que notre dialogue donnera naissance à quelque chose qui pourra être présenté à la prochaine AGA.
J’aimerais aussi mentionner ici une conférence remarquable que j’avais été amené à lire avant le congrès. The Necessity for New Ways ofSpiritual Knowledge («  La nécessité de nouveaux chemins vers la connaissance spirituelle »).  J’ai trouvé que cette conférence de Rudolf Steiner abordait les questions fondamentales qu’on allait traiter lors de l’AGA et ouvrait une perspective approfondie sur le thème central du congrès : notre volonté sociale. Je recommande la lecture de cette conférence à tous.
 
L’Assemblée générale annuelle
L’AGA a été un évènement très réussi.  J’ai été heureux d’entendre parler des différentes activités qui se font partout au pays, et j’ai été reconnaissant de pouvoir partager mes propres expériences avec les autres. J’ai parlé de mon travail dans le domaine de l’enseignement en biodynamie en Nouvelle-Écosse et de mes propres observations par rapport à deux sortes de conscience. J’ai reconnu que même si je n’avais pas autant d’expérience pratique que la plupart des agriculteurs, je réussissais néanmoins à les aider à approfondir les mystères qui sous-tendent leurs méthodes biodynamiques. Ces rencontres créent un dialogue remarquable. Dans les groupes de conversation qui se sont formés à partir du grand cercle, nous avons commencé par explorer la question suivante : à partir de ce que vous avez entendu ce matin (les contributions des membres), qu’est-ce qui vit? Nous avons ensuite changé de groupe pour explorer la deuxième question : qu’est-ce qui doit changer pour que l’on puisse cultiver cette vie? Il était étonnant de constater comment deux questions différentes ont créé une conversation continue même après que la configuration des groupes ait été changée dans le cours de l’activité. J’ai trouvé que les idées amenées par tous les participants faisaient écho aux thèmes présentés dans la conférence à laquelle j’ai fait référence plus haut. Comme Rudolf Steiner, les membres de mon groupe entretenaient une véritable conversation à partir du cœur et tout à fait dans l’ambiance de l’esprit du temps. Je souhaite que tous puissent continuer dans leur vie de tous les jours le travail que nous avons entrepris dans ces conversations.
L’assemblée générale officielle a été instructive et concise. J’ai été impressionné par la quantité de fonds possédée par la Société et je me suis mis à imaginer les réelles possibilités que pouvait offrir l’établissement d’un fonds désigné à une utilisation créative du capital. Il me semble que la question de la tripartition sociale est une préoccupation importante pour beaucoup d’entre nous en Amérique du Nord alors que nous cherchons à trouver des manières de mieux vivre ensemble. J’attends avec enthousiasme le jour où la Société commencera à explorer la possibilité de diriger des fonds vers d’autres sphères d’activité, d’investir dans le « capital social ».
Le Congrès
C’est le congrès qui a été pour moi le meilleur volet du weekend. Les deux conférences de Dennis Klocek ont été fort stimulantes. Il a donné à bien des idées de Rudolf Steiner un contexte contemporain en faisant des liens avec des découvertes récentes en embryologie et en technologie. Ces exemples nous ont offert une profondeur et une perspective intéressantes sur les indications de Rudolf Steiner dans plusieurs domaines : la conscience, la liberté, la nature triple de l’être humain, la connaissance initiatique, la science goethéenne, et les origines du mal.  Le lendemain, nous nous sommes réunis en petits groupes pour réfléchir sur « les défis de notre volonté sociale ». J’ai trouvé ces échanges très stimulants – nous étions six ou sept personnes à apporter chacun notre perspective anthroposophique sur les mêmes questions. Ces échanges, riches et pénétrés de l’esprit du temps, semblaient nous nourrir à bien des niveaux. Je souhaiterai qu’à l’avenir les conférenciers soient encouragés à interagir plus intimement avec les congressistes, un peu comme ce que nous avons vécu lors de nos groupes de conversation.
Pour les ateliers artistiques, j’ai choisi l’atelier d’eurythmie et de chant. Maria Helms et Eric Philips-Oxford ont tous les deux été admirables dans leurs arts respectifs, et pour lesquels ils ont communiqué un réel amour. Je suis rentré chez moi en chantant « Bonsoir » en dirigeant ce chant, grâce à l’expérience d’eurythmie que Maria nous a fait vivre, au Taureau, au Lion, aux Gémeaux et au « Je » sans égoïsme. Ces exercices d’eurythmie ont été pour moi un des temps forts de tout le congrès.
En terminant, je voudrais partager la joie que j’ai ressentie à  retrouver des amis et à connaitre beaucoup de membres pour la première fois. J’ai adoré le fait de vivre une AGA véritablement bilingue français/anglais. J’ai trouvé que la présence des membres qui s’exprimaient en français a ouvert de nouvelles perspectives et a apporté une touche d’humour. Cela m’a donné également une bonne raison pour améliorer mes compétences en français.
Mes sincères remerciements,
Micah Edelstein.
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