ISIS Cultural Outreach International – en Sibérie

ISIS Cultural Outreach International – en Sibérie

– Arie van Ameringen

Au début du siècle dernier, plusieurs groupes d’anthroposophes s’étaient formés en Russie. D’ailleurs, on peut voir, aujourd’hui, en plein centre de Moscou un témoignage émouvant sur cette époque. Sur la rue Arbat, dans le musée consacré au poète Andrei Belyé, il y a une exposition sur le premier Goetheanum; Belyé avait participé avec Assya Tourgéniev ( sa première femme) aux travaux de construction.

Depuis la chute du communisme, des plusieurs initiatives anthroposophiques ont été fondées, grâce au soutien venant d’Allemagne, de la Hollande et des pays scandinaves principalement, dans la partie européenne de la Russie. Il reste que les défis sont très grands autant au niveau social qu’économique dans un pays où l’état et l’église orthodoxe travaillent main dans la main. Aujourd’hui, on compte environ 500 membres de la Société Anthroposophiques pour toute la Russie ce qui est relativement peu.

ISIS Cultural Outreach avait sous la direction de Monica Gold (de Vancouver )organisé plusieurs voyages ,afin de soutenir des initiatives dont des écoles et des centres curatifs. Les nouveaux membres du conseil d’administration d’ISIS ont décidé d’aller à deux endroits en Sibérie pour rencontrer y des collègues et partager nos expériences.

Après le congrès de Whitehorse, quatre membres du conseil d’ISIS, Mary Plumb Mentjes, Galina Fin ,Renée Cossette et moi-même (s’est ajoutée au groupe une eurythmiste américaine Grace Ann Peysson), nous nous sommes envolés pour Irkoutsk; la première étape du voyage nécessitant vingt heures de vol échelonné sur trois jours. Irkoutsk, est une ville charmante traversée par le fleuve Angara et se trouve à une journée de distance en voiture de la Mongolie au sud et du lac Baïkal à l’est. C’est une région est un peu oubliée par le gouvernement central de la Russie. Les infrastructures y sont rudimentaires. On peut voir plusieurs magnifiques maisons en bois dans la ville, dont certaines datent du 19e siècle mais qui n’ont pas d’eau courante; imaginer chercher de l’eau à la pompe par -40 C en hiver! En même temps les automobilistes circulent dans des véhicules tout terrain japonais . Il ne faut pas oublier que la Sibérie était aussi une terre de souffrance jusqu’à tout récemment en raison de la présence des goulags. D’ailleurs, les Russes cherchent à oublier ce passé. Nous avons eu cette expérience lors de la visite des vestiges d’un camp de travail; notre guide ne comprenait pas pourquoi on voulait voir cet endroit et rendus sur place la visite fut écoutée abruptement.

Il y a depuis une vingtaine d’années une petite communauté qui s’est formée autour de l’école d’Irkoutsk (qui en 2009 avait pour la première fois une classe de 12e année). Pendant notre séjour nous avons appris à connaître les gens et leurs besoins.

À l’école Waldorf, nous avions organisé avec des anthroposophes de l’endroit un congrès portant sur l’anthroposophie et l’éducation Waldorf, qui comprenait des ateliers artistiques, (peinture , modelage et eurythmie). Nos présentations furent bien reçues et les 20 participants ont montré un grand intérêt, y compris pour le compte-rendu sur le congrès de Whitehorse. Fait cocasse durant nos présentations, une commission du ministère de l’éducation composée de sept membres est venu inspecter les lieux pour évaluer si l’école était conforme aux règlements ; conclusion, les murs devaient être repeints en blanc car la couleur était jugés trop intense. L’école n’avait pas la permission d’ouvrir. Sur une initiative de Mary, nous avons donné 300$ US pour aider à la mise à norme.
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À une heure d’Irkoutsk, se trouvent deux petits centres de pédagogie curative. Le plus grand s’appelle Istok ; il faut prendre des chemins boueux à travers des forêts de bouleaux. Sur place, nous avons rencontré de jeunes volontaires venus d’Europe qui étaient en train de faire des rénovations .Les villageois étaient tous dans leur famille . L’initiative qui compte aussi une ferme biodynamique est portée par Tatiana Kokina.

De retour en ville, on nous a montré les locaux du séminaire pédagogique et le jardin d’enfants . Des projets de rénovation et d’agrandissement étaient en cours.

Nos hôtes nous avaient organisé un court séjour au Lac Baïkal, le plus grand lac d’eau douce au monde, sur l’île Olchon. Cet endroit est reconnu comme un lieu sacré par les chamans Bouriats (peuple mongol). Nous eûmes le privilège d’assister à une séance chamanique où le chaman en transe faisait appel aux esprits des ancêtres.

La deuxième partie de notre voyage nous a conduit à Vladivostok à 7,200 km à l’Est de Moscou. Cette ville qui fut pendant la période de l’URSS une ville militaire secrète est au bord de la mer du Japon et était à l’époque, le port pour le transfert des prisonniers vers Magadan. On y trouve de magnifiques plages et au début de septembre, la mer nous apportait un vent chaud. D’ailleurs , la ville fait penser à San Francisco en raison de sa baie et de sa montagne.

Grâce à une connaissance de Monica Gold et une collègue botaniste de Mary Lee, un congrès de trois jours fut organisé devant une quinzaine de participants dans un local du jardin botanique de la ville. Le défi était de taille car dans cette ville de 600,000 habitants, il n’y a pas d’initiatives anthroposophiques ni école ou centre de pédagogie curative . Nous étions donc devant un auditoire peu familier à la pensée de Rudolf Steiner . La personne ressource Lilia Soltan, psychologue, avait réussi à attirer des intervenants professionnels travaillant auprès d’enfants. Les participants étaient ont été davantage touchés par les ateliers artistiques que par les présentations.

Il faudra voir avec le temps si notre présence aura donné des fruits. Ici, encore nos hôtes nous ont reçu avec une grande générosité.

À Moscou, l’ eurythmiste Olga Kulagina nous a fait visiter une des deux écoles de la ville. Intégrée dans le système public, l’école accueille 325 élèves et se trouve dans un bâtiment où Andrei Tarkovski , le réalisateur et le prêtre Alexander Men ont étudié dans leur enfance. Les peintures exécutées par un artiste allemand sur les murs des classes sont très impressionnantes. Un soir, nous avons été invités à rencontrer les membres de la branche de Moscou dans un échange très cordial sur les relations entre l’Est et l’Ouest durant la deuxième Guerre Mondiale.

Depuis notre retour nous continuons à faire des levées de fonds et grâce à des donateurs nous avons pu envoyer récemment plus de 2000$US pour différents projets à Irkoutsk et à Ekaterinabourg.

Durant le congrès à Whitehorse, un fonds spécial a été créé pour soutenir des initiatives auprès de la communauté autochtone, le Meta Williams Fund; des donateurs ont permis de ramasser 2200$. ISIS démarre aussi un projet auprès des prisonniers canadiens ( prison Outreach) avec Elaine Mackee. Il est toujours possible de faire des dons pour un des projets. ISIS est un organisme à but non-lucratifs et peut émettre des reçus pour don de charité.

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